La Balade des Gnomes - Un gîte féérique
Tous mes amis le savent, le Petit Peuple me fascine. Depuis longtemps, j'ai avec lui une relation complice. Je les dessine, je les sculpte, je les conte, bref, je les aime. Ainsi, quand j'ai entendu parler de "la Balade des Gnomes", je n'ai pas longtemps hésité. Le lieu est facile à trouver sur la grande toile du net : www.labaladedesgnomes.be . Quelques clics fiévreux, un mail et hop, la chambre était réservée. C'est comme ça que nous y avons débarqué tous les deux pendant les vacances de Noël. L'endroit se niche en Belgique condrozienne, à quelques lieues de Durbuy, la plus petite ville du monde. Dans le village de Heyd, pour être plus précis. Le rêve vous saisit dès l'entrée. En effet, tout au fond du parking, se dresse un magnifique cheval de Troie où les familles peuvent séjourner. Si si, je vous assure, des gamins peuvent courir dans le ventre de ce géant de bois. De quoi illuminer quelques mirettes enfantines.
Les chambres portent des noms évocateurs, comme par exemple "sur un quartier de lune", ou encore "le désespoir du moine". Nous avions, nous, réservé une chambrette menue, moins assassine pour nos bourses, car l'hébergement en ce lieu ne se fait pas sans se délester d'un certain nombre de piècettes. Il faut bien qu'ils remplissent leur chaudron ! Nous avions choisi, nous, la Légende des Trolls. Avec un nom pareil, cela ne pouvait que me plaire. Je ne fus pas déçu. Parquet épais, craquant, lumières tamisées, tronc d'arbre étendant ses ramures juste à côté du lit, l'endroit ne manque pas d'enchantement, il faut le dire. Diverses maisons champignons, assez semblables d'ailleurs à celles que je façonne, abritent quelques outils concédés à notre ère moderne. Frigo et télévision dorment ainsi derrière les lourdes portes en bois de ces chaumières lutines. Des lutins, il y en a ! Un peu partout d'ailleurs. Ils vous regardent, indiscrets, assis dans le creux de leurs niches, jusqu'aux toilettes où la faïence a laissé place au bois. D'énormes statues d'inspiration préhistorique séparent la minuscule salle d'eau du reste de la chambre. Le bois se niche où on ne l'attend guère. Dans les interrupteurs, par exemple. Je l'admets, il ne faut guère être massif pour se glisser dans la baignoire mais il est vrai que les lutins n'ont pas souvent notre tour de taille. S'ils se goinfrent, ils n'ont pas nos carrures. Autre curiosité, on entre dans le lit par son pied. La tête de la couche se plonge ainsi dans une rocaille creusée ou d'autres créatures du Petit Peuple veillent sur les rêves et les cauchemars. Les lampes de chevet pendouillent, les fils électriques sont tressés de corde et un voile translucide sépare la couche du salon. Et si la nuit, le sol craque et des murmures se lèvent, ce doivent être lutins, nutons et compagnie, qui traversent le lieu. Car, après tout, c'est vous qui séjournez dans leur forêt de songes. Ils vous la louent, l'espace d'une journée. A vous d'y rêvasser, de vous abandonner aux sortilèges, de traverser, nus pieds, la chaude infinité de leur espace songeur. Le matin, un copieux déjeuner vous est servi en chambre. Demandez le chocolat chaud maison. Je vous assure, c'est un délice. Quelque matrone nutonne doit y avoir versé une pincée d'herbes enchanteresses. Le soir, nous avons assis nos séants aux tables de la Gargouille, un restaurant du même tonneau. La cuisine y est gastronomique, goûtue et surprenante. C'est ainsi que j'avalai du filet de rouget aux figues et des ravioles de potiron au basilic. Cela change des chicons au gratin. Je dors mal, souvent, quand je découche. Pas cette fois. Le marchand de sable a dû passer. Après tout, nous étions au pays des rêves.