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1 février 2014

Le réveil du faune - les terres moussues d'Imbolc

 

Matin d'Imbolc. Je laisse le faune se réveiller en moi. Je sens ses cornes, grasses encore des boues de l'hiver, sortir du sommet de mes tempes. Elles sont là. Antennes vivantes. Dures. Eveillées. Alertes au bruissement des buissons, au cri d'alarme du merle, au passage du rouge-gorge. J'avance sur les sentes du jardin. Le sol est gorgé d'eau. Partout, la mousse resplendit de son éclat vert. Un vert tendre. Lumineux. Jamais elle ne m'avait paru si belle. Chaque morceau de cette terre moussue est un lac, un étang, un écrin, un abri. Chaque goutte figée sur un bourgeon est le miroir de cette sueur qui perle sur ma poitrine. Mes poils aussi sont éveillés. Ma fourrure mâle. L'odeur de la sueur et de la terre. J'aime ça. Je laisse le faune venir en moi. Je me penche doucement sur l'hellébore. Elle aussi, elle s'éveille. Ses premières fleurs sortent la tête. Le sureau jaune arbore ses bourgeons lumineux, déjà gorgés de sève. La sève. Je l'appelle. De mes sabots, je l'appelle. Je gratte la terre du pied, j'éveille l'eau. Je gronde. Entendez-moi, créatures de la terre. Chaque jour, le soleil court plus haut dans le ciel. Ne le voyez-vous pas ? Venez. Le chèvrefeuille embaume, le noisetier tremble dans le vent, le bouleau blanc s'est délesté de son écorce et se dresse, virginal. Venez. Avec le perce-neige et le crocus, je vous appelle. Venez ! Je me penche sur l'eau pure d'un bassin aux plantes riches. Elles me regardent. Je plonge mes doigts dans l'eau. Elle est fraîche. Agréable. Je lave mes cornes. Les rajeunis. J'enlève la crasse qu'ont laissés sur ma peau les ironies, les moqueries, le mépris. Je laisse se détacher les croûtes des blessures encaissées. Je me lave. Ma peau frissonne. L'air est doux, oui, mais il est frais encore. J'enlève les odeurs moites, les peaux mortes, les moments de tristesse. Je redeviens jeune faune. Doux et sauvage. Attentif aux frissons du vent, aux têtes mouillées des rares pâquerettes. Comme si mon corps se libérait d'une gangue, d'une chrysalide. Je ramasse un morceau de mousse. Je collecte des lambeaux d'écorce abandonnés par le bouleau. Je demande au chèvrefeuille, au noisetier et à un bel arbuste dont j'ignore totalement le nom de me laisser un frêle rameau. Ils acceptent. Je les remercie.  Je dresse l'autel où je place la bougie façonnée bien maladroitement ce matin dans la terre. J'allume ensuite les autres bougies, nichées dans les maisons d'argile. Je saisis la maison supendue que j'ai dédié à l'homme vert. Quand je veux allumer la bougie, je m'aperçois que cette maisonnette-là est habitée. Un jeune insecte, aux ailes irisées d'arc-en-ciel y frémit. Il se retourne. Son corps est d'un blanc transparent. J'ai une parole idiote, je sais, je lui demande : "es-tu une fée ?" L'insecte ne répond pas. Je replace la maison là où elle se trouvait. Avec l'insecte à l'intérieur, que j'avais dérangé. Peut-être juste sorti d'une chrysalide. Je goûte encore au bonheur d'être faune. Je laisse ma peau boire la fraîcheur de l'air, les poils de mes jambes se dresser. Je me souviens du garçon que j'étais, bâtisseur de cabanes. Je regarde les bougies repousser les parts d'ombre, les monstres sous le lit, tout ce qui peut effrayer un garçon. Je savoure la beauté des nuages gris, chargés de pluie qui roulent, bas, dans le ciel. Je laisse s'enfuir, lentement, les vapeurs qui s'échappent de mes lèvres. Je laisse s'évanouir la douce matinée d'un faune... Bientôt, il va falloir laisser revenir l'humain en moi.

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Commentaires
F
Qui a vu le visage contemplant le verre ? Non, ce n'est pas un reflet. Mais on distingue, je trouve la bouche, le nez, et un œil. :)
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