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1 août 2014

Les roses sanglantes de Luna Sade.

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Ouf, le mois de juillet est passé. Il n'y a plus que le mois d'août dont je doive craindre les torpeurs, chaleurs et é-touffeurs.  Cette saison, heureusement, le Catalpa a poursuivi son extension sur la terrasse, de sorte que nous ne recevions plus de plein fouet les assauts terrifiants du soleil. Bon, on me dira que cette année, nous nous en sommes encore pas trop mal sortis. Certes. Mais quand on bosse toute la journée dans un bureau entouré de trois gigantesques fenêtres, plein sud, avec le soleil en pleine tronche, de sorte qu'il faille tirer 3 lourdes tentures et bosser dans le noir le plus complet avec le frêle secours d'un ventilo, en contemplant le thermomètre figé sur 30-32 degrés (quand il en fait à peine 25 dehors), non, désolé,ne me demandez pas d'aimer l'été. C'est au-dessus de mes forces. J'attends l'automne en frémissant. Pour mieux encore m'y préparer, je surfe pour dénicher des maisons d'Halloween. J'adore les maisons miniatures, du genre de celles de Lemax. Halloween est dans 3 mois et je rêvasse déjà devant ces minuscules maisons hantées, manoirs branlants et autres tanières de sorcières. En Belgique, hélas, elles sont difficiles à trouver. A Noël, les rayonnages débordent de ces maisons de toutes sortes. Pas à Halloween. Ce n'est pas dans notre mentalité, paraît-il ! Alors, dès les premiers jours de septembre, j'écume les jardineries à la recherche de villages miniatures dans le genre Spooky town, avec un succès mitigé, je l'admets. Mais pour ces réjouissances-là, je devrai patienter encore quelques semaines.

Vous voyez comme je me débrouille pour ne pas parler de ce sabbat du mois d'août. Lui non plus ne figure pas dans mon top 8. Je lui reconnais néanmoins l'avantage de pouvoir cueillir la lavande, l'hibiscus et l'onagre. Les deux premières sont sensuelles en diable. Si ma tignasse était plus longue, j'y piquerais volontiers des fleurs d'hibiscus, mauves et rouges et danserais comme une folle, défiant le soleil. Une danse de la pluie, ça va sans dire. En ces premières journées de mon mois d'anniversaire (août a tout de même cet avantage), je sors dans les branchages chargés de fruits, m'éraflant les cornes au passage. Je me frotte l'hibiscus sur la poitrine en laissant la diva monter en moi. Une diva fort poilue, certes, mais une diva tout de même, en sifflotant une vieille chanson de Dalida. Oui, je sais, certains de mes goûts sont "has been". Et ? Ce qui est démodé a seul le privilège d'être du même coup indémodable. Les hydrangeas sont tout gonflés de fleurs. L'armoise irradie de fleurs jaunes. Les prunes croulent près du poulailler. Le noisetier, lui, est plus chiche mais l'aulne est gorgé de fuits verts. Mauves et guimauves resplendissent dans l'odeur amère des absinthes grises. Je croque une pomme encore acide. C'est trop tôt, je le sais. Croquer une pomme pas mûre, c'est comme coucher avant le mariage, c'est nécessaire. Puis, je gambade dans mes buissons de lavande papillon, lavande tout court et autres lavandins, en faisant fi des gros bourdons. Je me confectionne un bouquet campagnard, heureuse comme une jeune vierge, oubliant totalement qu'on ne fête pas Beltane.

Non, je ne confectionne pas de figurine de paille.

A chaque fois que j'y songe, cela me fait penser au film "the wicker man", avec Nicolas Cage, où une bande de femelles sacrifie un mec en le brûlant dans un gigantesque homme de bois. Bizarrement, non, je ne suis pas superfan de l'idée de sacrifice lié à cette fête. Pour moi, le 1er août, c'est le chemin de l'automne. Le moment opposé au 1er février qui est, lui, le chemin du printemps. C'est le moment où on commence à percevoir que oui, les jours déclinent. Que le soleil se lève plus tard. Les 5 heures du matin où Paris s'éveille retournent dans la grisaille. Et, on l'aura compris, j'aspire au retour des fraîcheurs. Je dois avoir un sang glacé. Je suis un homme du Nord. J'ai si peu de plaisir à célébrer les sabbats de l'été. Bien sûr, il y a des fruits dans mon jardin. Et je ne nie pas le côté "fête des récoltes". J'ai d'ailleurs eu un comportement quasiment sanguinaire. Toutes les fleurs que j'ai cueillies, je les ai placées directement sur l'autel. Je ne leur ai même pas offert l'aumône d'un vase qui aurait pu prolonger leur vie. Il fait trop chaud dans mon chalet. L'eau s'y évapore à une vitesse phénoménale. Autant que la chaleur les fige dans leur beauté. Qu'elles s'assèchent d'un seul coup, comme glacées dans la torpeur touffante. J'ai joué du tambour, aussi. Tiens, c'est vrai, je n'ai même pas encore parlé de ce tam-tam trouvé dans une brocante. Il a la peau poilue et j'aime son son. J'en joue tous les dimanches, sans même savoir comment on fait. Je joue, c'est tout. C'est différent, chaque fois. J'adore chevaucher mon tambour. Après avoir dressé mon autel, j'ai frappé comme un dératé, à toute vitesse. J'ignore si je fus habité par les battements de coeur de la terre mais si cela est le cas, je crains fort qu'elle ne souffre de palpitations, la pauvre. Il faut dire qu'avec ce que les humains lui font subir, elle a de quoi faire de l'hypertension.

Bref, donc, je squatte mon chalet recouvert de figures d'argiles pour apposer lavande, hibiscus, absinthe, armoise, hydrangea, prune, pomme, cynorrhodons et onagre sur mon autel de saison. Il n'est pas mal, je trouve. Il a de la gueule. Je marmonne quelques phrase sur la générosité, l'abondance, la faim dans le monde, la nécessité de ne pas surplexploiter les ressources et trouve du même coup mon autel légèrement gaspillé. J'aurais mieux fait de me contenter de trois brins de lavande. Je soupire. Vivement Samain et Yule. Ces sabbats-là sont plus sexys.

Je m'assieds. Je rêvasse. Je grogne en sentant les rayons du soleil. Je lui dois une orgie de grains de beauté sur ma chair plus si fraîche que ça. Et je médite.

Prier un Dieu Père qui a la jalousie de se croire seul me semble une ineptie.

Célébrer une Déesse Mère dont le consort n'est, somme toute, dans bon nombre de traditions, qu'un faire-valoir, l'est tout autant. Il suffit de parcourir internet pour s'en convaincre. Chez les Paiens, c'est la Déesse d'abord. Le Dieu Cornu, on s'en tamponne plus ou moins.

Je tiens, à l'intérieur, de ce paysage-là, une position assez marginale, je l'avoue.

Car, voyez-vous, je crois en Dieu Déesse. A Dieu elle-même. A la Père Déesse. A la Mâle Mère. En ce tout Androgyne qui n'est ni mâle ni femelle, qui est les deux, qui porte foufoune, bite et poitrine, en est fier et en même temps n'en a rien à fiche car il est l'un et l'autre sans être être l'un ou l'autre. Je suis monothéiste, d'une certaine manière. Même si j'accepte que le divin se manifeste à travers tous les dieux et déesses.

Je rêve d'un monde qui dépasserait cette dualité-là. Un monde où les femmes et les hommes sauraient se respecter, tenter de se comprendre, coopérer, se pardonner. Un monde où se dire femme ou homme, ou fier de l'être, où le revendiquer, n'aurait plus d'importance parce que cette guéguerre-là serait complètement dépassée. Je rêve d'une langue française qui cesserait d'imposer que chaque chose ait un genre. Je rêve qu'on y habilite le genre neutre. Qu'un troisième pronom apparaisse, en plus du "il", du "elle", qu'il en soit la synthèse. "Eil", peut-être, je ne sais pas. Que l'amour cesse d'être masculin et la haine féminine. Je rêve d'une langue qui cesserait également cette lugubre suprématie du masculin dès lors qu'il est question du pluriel. Pourquoi faut-il que dans un groupe de femmes, on dise "ils" dès lors qu'un seul couillu apparaît dans leur nombre ? "Eils", à nouveau, pour ces pluriels mêlant mâles et femelles. Pourquoi pas ? La langue française me semble terriblement genrée. A tel point que je n'imagine guère que s'apaise un jour les conflits opposant phallocrates et féministes. Et pourtant, je le souhaite. Tellement je pense ces débats-là totalement "has been".

Sur ce, permettez-moi de vous laisser. J'ai une lessive à faire, moi aussi, des poussières à reloqueter et un repas à cuire. Car, voyez-vous, je vis avec un homme. Et dans mon couple, on se fout complètement de savoir qui gagne plus que l'autre, qui en fait plus que l'autre, qui fait la femme, qui fait l'homme, qui devrait faire quoi, qui devrait savoir quoi, quel rôle nous devrions adopter, comment le dépasser, le transcender où je ne sais quoi. Cette dualité-là, je le crains, ne nous concerne pas. A moins que nous l'ayons, simplement,...dépassée. Finalement, nous avons sans doute cette chance-là.

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Commentaires
S
:-) j'adore !!:-)
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