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12 juin 2015

Chronique de la naissance d'un faune gardien des arbres

Le Faune est une créature de la terre. Il nait de l'humus odorant, de l'argile frais. Il vient de l'os enfoui, des feuilles décomposées, des écorces que les arbres ont laissées. Il naît de l'andouiller que le cerf a perdu au coeur de la forêt. Il est créé dans la lumière merveilleuse des clairières, dans la douceur de la peau de la pluie, dans les rires de la nuit.

WP_20140412_001

D'abord, il est la masse d'argile, pesante, humide et odorante. Une terre grisâtre. Qui sent le sable et l'eau. La tête du faune est là, massive. On ne voit que l'écrin de ses yeux. Ce sont les grottes où se logeront les visions magnifiques qu'offrent les terres de l'autre monde. La caverne où viendront dormir les rêves sauvages des hommes et les désirs du faune. La terre. Remplie de bosses, de creux, de rides et de fissures. Maison sombre du royaume des racines, des cloportes, des feuillages. De ses vagins encrevassés s'ensurgissent les buissons et les herbes. D'entre les cuisses fermées des pierres monte le phallus blanc des bouleaux. La terre est l'utérus d'où la grande tribu verte est accouchée quand le printemps revient. La tête du faune est prête à en accueillir les splendeurs.

C'est alors que l'oeil est posé, perle d'argile, précisément là, sous le pétale de sa paupière. Juste avant que le front se surmonte des premières feuillesWP_20140412_003 dont le faune sera le gardien. Elles composeront sa couronne de verdure. Il est le roi de la forêt, des champs et de la lande. Les troncs sont les demeures où il se terre, tapi dans l'ombre, observateur du monde. L'oiseau pépie sur sa branche, le mulot court dans sa fourrure. Le faune est un gardien. Il connaît les règles innombrables du royaume animal. Ce faune qui naît sera gardien des arbres, berger des hulottes qui s'y nichent, des geais qui y craquent leurs murmures et des insectes qui le parcourent. Une fleur compose son troisième oeil, ouverte au ballet incessant des abeilles, des mouches et des papillons. Une branche surgit, dégouline sur sa tempe. Sur l'arête de son nez, une feuille court, messagère des parfums. Les plantes aiment se parler par le vivant dialogue des odeurs. Le faune le sait. Il aime ça, les odeurs, c'est son truc.

WP_20140412_006Regardez sur la joue du faune. Les racines en émergent quelques fois. Si les feuilles, en automne, rejoignent le royaume de l'Ombre, il arrive également que les racines en sortent. On ne sait pas pourquoi. Soudain, elles se délestent de la gangue granuleuse de la terre où elles dorment. Elles apparaissent dans la lumière, surprises, aussi étonnées d'être là qu'un maraud le serait s'il était balancé au coeur d'un bal princier. Qu'ont à faire les racines de la lumière, elles dont la chambre n'est que ténèbres ? Le faune le sait. Il en porte les mystères. Ses cornes sont la branche nue, la racine dépourvue de verdeur, plongée dans la matrice du ciel. D'autres branches poussent encore, lui composent une oreille. Le faune doit pouvoir écouter. Oui, il doit tout entendre. Le murmure du feuillage, le chant frais des ruisseaux, les claquements de la pluie, le craquement de l'écorce, les frottements des élytres, le cri aigu des crapauds, le hululement de la chouette, le battement d'aile des chauve-souris, le souffle chaud du chevreuil aux aguets, le clignement des paupières du renard... Tout, je vous dis. Les bruits de la forêt sont l'étoffe où il veille. Sa couverture. Son seul vêtement. Si tu veux aller au faune, il est préférable d'être nu, comme tu l'étais quand tu es né toi-même.

Alors...et alors seulement, la bouche est dessinée. Pétales de fleurs ouverts, feuilles posées là, l'une sur l'autre, gardiennesWP_20140412_007 d'une porte. La bouche du faune. Entrée sacrée de ses terres mystérieuses. Par elle, il murmure et il rit. Il crie, il parle, il bénit et il chante. La voix d'un faune est merveilleuse. Grave, rocailleuse, poilue, sauvage, veloutée, granuleuse. Elle exhale la verdeur des clairières, alerte le jeune faon égaré, séduit le promeneur imprudent. Le chant du faune est plein de sonorités parfumées. Elle dégorge sa sueur, son agréable puanteur. Elle vibre au son des semences déversées. Elle est feulement, grognement, syllabes menues, claquement de langue. Elle est morsure et griffe. Elle impressionne. On ne peut s'empêcher de l'aimer. Qui peut entendre le faune chanter sait bien que la nature est gorgée de divin.

Le faune gardien des arbres connait le nom sacré des plantes, celui par lequel il leur parle, d'âme à âme. Il conduit l'animal malade jusqu'aux feuilles qui le soigneront. Il éloigne l'herbivore des plantes empoisonnées. Il conduit l'oiseau sur la branche qui portera son nid. Il amène les fourmis aux terres qui les aimeront et les abeilles aux fleurs qui les appellent. Le faune voit, sent, écoute et parle. Et si vous passez près de lui, si par hasard vous entendez sa voix aussi sucrée que la sève des arbres qu'il habite, il se peut qu'il vous touche également. Je peux vous assurer que sa caresse est agréable. Velue, précise et d'une chaleur sans nom. S'il vous conduit vers les eaux ambrées du plaisir, vous n'oublierez jamais ce moment-là. A travers lui, il vous guide droit vers la plus criante des lumières, la plus parfumée des splendeurs. Il vous révèle que la plus absolue des beautés vit et palpite partout. Elle ne demeure pas dans un lieu inaccessible, un paradis lointain. La nature en entier regorge de sa chaleur. Il suffit de laisser le faune vous tendre la main.Il sait, lui, combien la nature est sacrée.

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Commentaires
P
Merci pour votre partage poétique.
A
Bonjour et merci pour cette chronique qui m'a autant envoûtée que ma première rencontre ce jour avec un faune. Je ne l'ai pas vu physiquement mais senti énergétiquement. Il m'a guidé pour l'aider à soigner son arbre. Je souhaite y retourner. Avez-vous des conseils afin que je puisse le percevoir avec mes yeux?
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