Elevons-nous ensemble, La Mélisse Citronnelle

Quand je suis me rendu la première fois à la rencontre de l'esprit de la Mélisse Citronnelle, celui-ci m'accueillit dans un étrange endroit. Il s'agissait d' un de morceaux de bois, entrecroisés et enfoncés dans le sol, adoptant la forme vague d’un bilboquet. L'ensemble évoquait une main ouverte vers le haut. Un plancher était déposé sur le bout des phalanges de cette main de bois. Comme une cabane, si vous voulez, mais une cabane sans porte. Haut perchée mais ouverte. Un toit de bois biscornu la recouvrait. A l’intérieur, des bancs étaient placés en cercle, couverts de coussins mauves, orange, pourpre et rouge. Des couples s'y trouvaient assis, en train de discuter, de rire et de flirter. Au centre, une épée était plantée dans le plancher. En feu.

Le personnage qui m'accueillit dans ce décor était, semble-t-il, un adolescent aux cheveux bruns et bouclés, couvert de peaux de bêtes et muni d’un bâton. Il ressemblait à l'idée qu'on se fait d'un berger des temps anciens et arborait un sourire frais et joyeux.

Attachant une certaine importance aux symboles, je restait fidèle à ma grille de lecture et recherchai bougie, coupe et livre, instruments qui, dans mes voyages de ce type, sont chargés d'enseignements.

La bougie m'était invisible. Pourtant, je l'allumai. Ce qui est étonnant, c’est qu’une fois allumée, elle ne produisait pas une flamme mais des étincelles blanches.

La coupe évouait elle aussi un bilboquet, de métal cette fois, très simple, sans décoration. Le berger souriant la fit tourner dans ses mains avant d’en présenter un des sommets. C’est une double coupe en fait. Dans la partie qu’il me présenta se trouvait un liquide transparent, au goût de vinaigre. Au fond, des cailloux blancs. Le liquide était dense et épais.

Il suscita en moi, une fois bu en esprit, l'image d'une biche. Elle s’approcha de moi et posa ses pattes sur moi, ce qui me forca à m’accroupir devant elle. Puis, elle me poussa du menton pour me relever avant de m'affirmer : « nous sommes égaux ». Une tête de veau apparut, confondue avec celle d’une fontaine qui jaillit soutenant un enfant qui joue à saute mouton dessus, un peu comme la publicité pour SPA. Il y eut aussi un insecte, une fourmi ? une abeille ? L’image fut trop fugace pour que je l'identifiai mais je retins la présence du monde insecte.

Le livre, lui, était tout en lambeaux. Le berger dessina dessus ce que je crus d’abord être un triangle mais à la vérité, il s'agissait plutôt d'une flèche dirigée vers le haut, avec un cercle et un œil au milieu. La flèche elle-même était soutenue par une main. Le berger écrivit : « nous devons garder le soleil levé »

Vint alors le moment du cadeau que mon âme décida de lui offrir. Il s'agissait d'une cape d’un tissu très épais, de couleur mauve foncé, comme du velours. Une cape très longue descendant juste à terre.

Cette rencontre est marquée par un symbolisme solaire puissant : « nous devons garder le soleil levé ». Beaucoup de couleurs solaires dans cette méditation. De chaleur, de jeunesse et de gaieté. Les personnages flirtent et discutent dans le temple. Il est vraisemblable que la citronnelle pousse à la convivialité, à la rencontre, une rencontre légère et joviale. Ce qui frappe, c’est le sentiment de hauteur, de soutien. Il s’agit de rester en hauteur « la cabane est soutenue par un entre-lacs de planches », « nous devons garder le soleil levé ». Rester de bonne humeur, rester optimiste, rester tourné vers le soleil, vers la chaleur. Les étincelles confirment cette idée de joie.

Une idée de jeunesse est également présente : la citronnelle apparaît sous les traits d’un adolescent jovial. S’il est question d’amour, on a plus l’impression qu’il s’agit de flirt, d’un amour insouciant, adolescent, pas très sérieux, l’amour du jeune qui butine.

En mythologie, Mélissa est une nymphe. C’est elle qui a nourri Zeus avec du miel. La mélisse est la plante aux abeilles, qui butinent… Ne serait-ce finalement pas une abeille, l'insecte que j'avais vu ?

D’origine arabe, elle a été introduite par Charlemagne en Europe. Les moines ont conçu avec elle l’eau des Carmes, connue pour ses propriétés digestives mais aussi anti-dépressives. D’où son surnom d’égaye-cœur. Elle apaise les flatulences, facilite la digestion et possède des propriétés anti-dépressives. Elle est utile également contre les insomnies.

Finalement, garder le soleil levé peut s’interpréter dans ce sens. Garder la bonne humeur et la jeunesse d’esprit. Prendre les choses avec plus d’insouciance. Garder l’énergie, la fraîcheur et la joie de l’adolescence. Bien, mon adolescence à moi ne fut pas forcément des plus joyeuses mais passons.

En magie, la Mélisse citronnelle est utilisée pour guérir les peines de cœur et les déceptions amoureuses, ce qui va dans le sens de cette idée de flirt léger et insouciant.

On pourrait donc la résumer comme la plante de la jeunesse retrouvée, de l’amour insouciant, du soleil qui se lève.

La biche qui dit : « nous sommes égaux » attire toutefois mon attention sur un aspect méconnu de la Mélisse. Elle encourage à conserver le lien avec le monde animal. Après tout, son nom vient de « mélissa » qui veut dire « abeille ». La biche n’est pas un symbole anodin. Elle est la femelle du cerf qui porte des branches sur la tête. Il est un lien, de ce fait entre le monde animal et végétal.

 Le berger est celui qui garde, il conduit les moutons. Il est couvert de peaux de bêtes. Il a donc aussi un lien avec le monde animal qu’il protège et élève.

Garder un pied d’égalité avec le monde animal est un autre message de la mélisse. Etre avec lui comme le sont les enfants : émerveillés, sans vouloir le dominer.  

Le berger, justement domine et élève. Considère t’il l’animal comme son égal ? En tout cas, il n’est pas un chasseur. Le chasseur tue. L’éleveur fait grandir, cultive, soigne, nourrit. Il garde en vie (et en vue !). Quel est le point de vue de l’abeille sur les plantes qu’elle butine ?  Elle n’est pas une chasseresse. Elle ne tue pas la fleur qu’elle butine, elle « trait » le nectar des plantes, elle participe à sa reproduction. Elle est aussi une « bergère » à sa manière.

Au fond de moi, je sens que la Mélisse encourage à une coopération entre les espèces. Une relation de nature plus symbiotique, pas de parasitisme. Ce n’est sans doute pas un hasard si la citronnelle est parfois utilisée comme anti parasitaire. On connaît surtout son action pour faire fuir les moustiques, parasites par excellence !

La Mélisse est donc un berger. Un éleveur. On peut d’ailleurs apprécier le jeu de mot : « élever ». Tirer vers le haut, garder en hauteur, conduire en hauteur. Le temple est sur la cime de branches. « garder le soleil levé », tous des éléments qui mettent en évidence la fonction d’élévation de la Mélisse citronnelle. Il s’agit d’élever, oui.

Le symbole de la flèche levée va aussi dans ce sens. Ce n’est pas une flèche qui tue. Il s’agit d’élévation spirituelle. Il n’y a pas de bâton qui permette de la tirer. Qu’est-ce qu’une flèche sans bâton sinon un indicateur de direction ? Si on considère :

-le message de la biche « nous sommes égaux, ne nous tue pas, aucun de nous deux n’est supérieur à l’autre »

-le symbolisme de l’abeille de « reproductrice »,

-celui du berger, qui conduit et élève,

On peut en déduire que cette élévation spirituelle passe par le respect de la vie, les interactions des espèces, les relations d’égal à égal entre elles. Celui qui élève est au même niveau que l’élève. D'ailleurs, on appelle ce dernier "élève", pas "élevé". Le maître et l’élève sont égaux. N’oublions pas en cela la jeunesse insouciante du berger.

Voilà qui à mon sens fait de la Mélisse citronnelle une fleur importante sur un plan spirituel. S’élever, oui, mais pas dans la lourdeur et la gravité. Gardons le cœur léger et ouvert. La curiosité et l’émerveillement de la jeunesse.

 La flèche est d’autre part marquée d’un œil. Cela n’est pas anodin : la Mélisse est utilisée dans des charmes de « clairvoyance ». Et ne faut-il pas « garder le soleil levé » pour y voir clair ?

En résumé, la Mélisse citronnelle est la plante qui élève, dans le respect de la vie, dans l’insouciance et la joie. C’est une plante solaire qui aide à y voir clair. Elle invite au respect de la vie, et à une certaine forme d’écologie de « développement durable », d’exploitation respectueuse, dans le respect des règnes végétaux et animaux, pas seulement de respect de l’homme pour les autres êtres vivants, mais aussi de l’animal pour les plantes et l’homme? et de la plante pour l'homme et l’animal. Une forme de respect universel.

 La multiplicité de ses actions thérapeutiques fait aussi de la Mélisse citronnelle une plante de guérison, utilisée en magie dans son but.