L'illusion du Magnolia

Vous le savez déjà : je suis un allumé des huiles essentielles et fragrances de toutes sortes. Certains parfums sont toutefois pratiquement introuvables et irréalisables. C'est par exemple le cas du Magnolia, paraît-il. Si vous aimez son effluve délicat, si respirer sa fleur allume en vous l'énergie printanière, cette recette-ci vous plaira vraisemblablement. En mélangeant diverses essences, il est possible de recréer le parfum frais du Magnolia. D'amener dans un flacon son illusion. Là est tout le mystère. Vous ne créerez qu'une illusion. Illusion toutefois suffisante pour que l'auteur dont j'ai chapardé la recette l'utilise elle-même afin d'attirer toute la bienfaisance du Magnolia en magie. Et là, je l'avoue, ça me coince.

Cela se discute, bien évidemment. Une part de moi me murmure dans un coin de mon crâne : "si le Magnolia n'est pas EFFECTIVEMENT présent, comment manifester son esprit ?". L'illusion d'une odeur suffit-elle ? Certains affirment que l'âme d'une plante s'exprime dans le parfum qu'elle dégage. Que sa magie se manifeste à travers son odeur. Cela est sans doute vrai, et les parfumeurs le savent bien. Toutefois, recréer l'odeur d'une plante sans même faire appel à elle, est-ce suffisant pour attirer sa magie ? Une part de moi en doute. Une part de moi le nie. Même si je sais qu'il est possible d'agir sur (ou avec l'aide de) quelque chose sans que cette chose soit physiquement présente.

Souvent, d'ailleurs, je me pose la question : pour travailler spirituellement avec une plante, est-il nécessaire qu'elle soit... physiquement présente justement ? Faut-il qu'elle soit palpable à travers par exemple une décoction, tisane, potion, poudre, feuille ou fleur séchée, racine, voire même huile essentielle ? On peut fort bien appeler l'esprit de la plante et juste se contenter de lui, sans qu'il ne soit palpable. Il m'arrive de le faire lorsque je veux contacter l'esprit d'une plante, en hiver, par exemple. Ou, tout simplement, lorsqu'il s'agit d'une plante exotique ou en voie de disparition. Si on accepte cela, rien ne s'oppose à ce que l'on appele l'esprit du Magnolia et de se contenter tout juste de l'illusion de son parfum. Oui mais... ce n'est pas le Magnolia qui est présent physiquement dans la mixture, mais d'autres plantes qui, mélangées entre elles, donneront l'illusion de son parfum... Alors...Peut-on appeler l'esprit du Magnolia avec une mixture contenant d'autres plantes sans que lui-même ne soit présent ? Je suppose que la réponse dépendra de chacun. Et vous ? Vous avez un avis sur la question ? Personnellement, je me dis que s'il s'agit de travailler avec le Magnolia sans avoir son parfum en vrai, autant se contenter d'appeler son esprit. Sans utiliser de fausserie. Je réserve donc la création de ces illusions parfumées pour le fun, le plaisir, le jeu, l'illusion.

Dans son livre "Complete Formulary of Magical oils", Celeste Rayne Heldstab nous propose la formule suivante. Pour recréer le parfum du Magnolia, mélanger 1/4 d'huile essentielle de Neroli (qui coûte affreusement cher), 1/2 de fragrance de Jasmin,  1/8 de fragrance de Rose et 1/8 d'huile essentielle de Bois de Santal. J'ai essayé, évidemment. Je n'affirmerais pas que le résultat soit bluffant mais il fait tout de même...illusion. L'idée, l'impression de la présence du Magnolia est extrêment fugace. Rapidement le Jasmin réimprime sa réalité. Et comme toute illusion vous emporte dans un tourbillon virevoltant de voilages et d'étoffes, c'est à une de ces figurines que je confie le soin de s'imprégner de son mystère. Je vous présente ainsi "Dame illusion du Magnolia". Laquelle est-ce ? La plus tourbillonnante des trois bien sûr. Celle de droite.

Comments

[Fred Lefaune]

Pourtant, je vous comprends. La nature me suffit. J'y trouve déjà une mine épuisable de sagesse et d'enseignements. Je suppose que d'autres font pareil. Mais il est vrai que ce chemin-là est souvent très solitaire.

[Zoziau]

Merci de votre réponse. Il est rare de trouver quelqu'un qui reste, dans le domaine de la méditation et du voyage, "au ras des pâquerettes". Qui parle aux pierres, s'allie aux fleurs et aux arbres, négocie son passage face à la salsepareille ou l'églantier (sous sa fleur douce et fragile, quelle force et quelle détermination dans l'églantier ! Quelle violence parfois aussi ! Et c'est cette force qu'il nous offre dans ses fruits, ce cynorrhodon si revigorant en hiver)...



Quand je dis que ma spiritualité païenne se résume à cela, la terre qui porte, les eaux qui courent, l'air qui chante et le feu qui rêve (ou est-ce l'inverse ?), les arbres, les roches, les insectes et le vent, la lumière qui joue et raconte, le Petit Peuple et leurs alliés, j'ai bien du mal à me faire comprendre...



Est-ce forcément une route solitaire que celle-ci ? Ou y en a-t-il d'autres, d'autres qui comprennent et partagent ?

[Zoziau]

Je viens de trouver votre blog... Parvenez-vous donc à communiquer avec l'esprit des plantes en hiver ? Pour moi cela devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que la saison avance... Ils semblent s'endormir, ou tellement ralentir que je ne parviens plus à suivre...



Par contre, je n'ai jamais utilisé de support pour communiquer avec un Esprit-Arbre... je n'ai jamais vraiment choisi l'espèce, non plus, j'ai juste appelé et il est venu. Ou ils sont venus, ou juste passés, m'ont laissé un message, un avertissement à propos de mes proches. Etaient-ce vraiment des Esprits-arbre ? Je n'en suis toujours pas sûre...



C'était très différent de ce que j'ai pu ressentir une des rares fois que j'ai tenté Dame Salvia, de manière traditionnelle (mâchage) et à très faible dose, Cette fois-là je m'étais installée dehors, sur une chaise longue. D'abord Sally m'a fait partagé les bruits de sa forêt natale, puis j'ai ressenti les plantes autour de moi, et ce n'était pas agréable du tout. Possessivité pour le cyprès, avidité pour les herbes assoiffées ce printemps-là.



Je suis vite rentrée me coucher dans le noir et le silence complets... Finalement cette expérience m'a parue plus proche de la nature réelle des plantes, leurs besoins et leurs attentes profondes, leurs pulsions, que la communication volontaire que j'ai pu avoir par ailleurs, dans laquelle je projetais sûrement une grande partie de mes certitudes, de ma vision des choses.



Mais je recommencerai (sans Salvia, donc !). Au printemps, puisque la nature, hormis les champignons, a décidé de faire silence...