Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le sentier des faunes
Radio Arcadie
Ecoutez les musiques merveilleuses
de Radio Arcadie. C'est son player
de diffusion que vous entendez en
surfant sur ce blog.
Découvrez ses 2 émissions :
Godmentica, vendredi de 21 h à 23 h
News d'Arcadie, samedi de 10 h à 12 h.

www.radioarcadie.be

radio arcadie

Atelier Terra Nostra
Découvrez les créations paiennes
de l'atelier Terra Nostra
 http://www.revespaiens.canalblog.com

TERRA NOSTRA

Conair an Bhaird
Un blog qui ne manque pas
d'humour, de peps et d'esprit.
http://bardpath.canalblog.com/

La Messe des Pâquerettes
Un des blogs que je préfère.
Intimiste et agréable à lire.
Haut les coeurs et les balais
www.messedespaquerettes.com

messe pâquerettes

6 juin 2014

L'aubergiste - l'iris

iris

Quand j'étais étudiant, la floraison de l'Iris coïncidait pour moi avec cette période douloureuse que sont les examens. Cela n'empêchait pas que j'aimais observer chaque jour la croissance de ses feuilles, la montée de sa hampe florale et, finalement, son éclosion bleutée synonyme, à mon avis, de ce qui se fait de plus beau dans le peuple végétal. Quand, en juillet 2007, je tentai de rencontrer l'Iris en esprit, je m'attendais à découvrir une créature suffisante et orgueilleuse, à l'image de sa floraison. Une châtelaine prétentieuse, en somme, arrogante et autoritaire. Allez savoir pourquoi !

Je me laissai aller dans les "ouateurs" de la détente, allumant les couleurs, du rouge au violet, sur les points d'énergie de mon corps. Je contemplai l'Iris, complexe, magnificent, puis laisser s'estomper son image. Une auberge m'apparut alors, juchée au sommet d'une plante herbacée aux feuilles coriaces et vert tendre. La porte et les fenêtres ressemblaient à des vitraux. A l'intérieur fumait un chaudron et des hommes étaient attablés. Une femme vaquait à ses occupations, ceinte d'un tablier et coiffée d'un fichu. Sur une des tables de l'auberge, je trouvai la bougie que j'ai l'habitude de chercher au cours de mes voyages. Cette bougie-là me surprit. Sa flamme, verdâtre, montrait deux serpents enlacés. Ils entouraient eux-même un cadre, comme prisonnier lui-même de la flamme. Et sur ce cadre, deux autres serpents s'entremêlaient. A côté de la bougie, la coupe m'apparut, elle aussi. Elle contenait un étrange liquide vert sur lequel flottaient trois bougies, de couleur jaune. Je savais qu'il me fallait boire ce liquide et être bien attentif à la vision qu'il allait provoquer. Le goût qu'il éveilla en moi me rappela celui des épinards. Cette fois-là, ce sont deux yeux de hibou qui surgirent du néant. Deux yeux étranges, dont je savais qu'ils étaient d'un hibou ; pourtant, ils adoptaient la forme d'un pavillon. A ce moment, un hérisson traversa le sol de l'auberge dans laquelle personne ne semblait s'apercevoir de ma présence. La servante s'affairait, sans me prêter un seul regard. Un livre, très simple, était ouvert sur la table. Je m'approchai. J'y lus une phrase, très courte. "Je ne risque rien, je ne vaux rien". Ce n'était pas la seule phrase écrite, loin de là. Les pages étaient couvertes d'observations griffonnées à la hâte. Une plume indiquait qu'on avait l'habitude d'y écrire fréquemment. Avant de m'en aller, je laissai venir de mon âme le cadeau que j'allais offrir à l'Iris, en guise de remerciement. A mon grand étonnement, je sortis, je ne sais d'où, une boule en cristal, lègère, très légère, si légère qu'elle se mit à flotter dans l'air. Puis, je revins à l'état de conscience ordinaire.

Je fis alors une première constatation. Au cours de ce voyage, plusieurs symboles m'étaient apparus, tournant autour de la notion de double vue vue. Les yeux du hibou, par exemple, qui voient dans le noir. La boule de cristal également, qui permet de voir l’invisible. Le nom même de la plante rappelle l’iris de l’œil. Double vue, oui, mais pas seulement car le livre, lui, est bourré d’écritures. A l'évidence, le personnage aime y écrire et consigner ce qu’il voit. L'aubergiste, affairée, ceinturée de son tablier de dentelle, est en fait, une messagère de l'invisible. Elle voit et écrit ce qu’elle voit. Le hibou est, lui aussi, souvent lié à l’écriture et aux livres, à ce que l’on archive. L'imaginaire collectif aime le poser sur des piles de grimoire, gardien d'un savoir mystérieux. Les bougies dans la coupe sont elles-mêmes un symbole. Elle éclairent ce qui sera vu quand on aura bu ce qu’il y a dedans. Par ailleurs, il est étonnant de voir combien de voyantes ou de cercles de voyance portent le nom « IRIS ». Est-ce vraiment un hasard ?

Mais qui est Iris, au fait ? Existe-t-elle ? J'ai, je l'avoue, assez peu d'intérêt pour les anciens dieux. Ma relation au divin est de le sentir présent partout dans la Nature mais je m'intéresse peu aux divers panthéons. Je n'ai lu que l'Edda et des livres sur les Tuantha de Danan. Je parcourus donc l'internet à la recherche d'informations.  Je découvris ainsi qu'Iris est une déesse grecque, qui sert Hera en particulier. Elle est considérée comme une messagère. Une messagère ? De quoi ? Et là apparaît un symbole important : « les yeux du hibou qui sont en même temps des ailes de papillon ». Il est facile d’être dupé, de mal interpréter, de ne pas comprendre. Les messages transmis par les supports de voyance quelqu’ils soient, sont sujets à confusion. On peut se tromper facilement. Ainsi l’iris est-il parfois cité comme un personnage qui entre en colère car il a cru aux mirages que l’on a fait miroiter devant lui. La colère le fait alors se transformer en hérisson. Est-ce vraiment un hasard si cet animal-là s'est justement manifesté au cours de mon voyage ? Par ailleurs, la légèreté de la boule de cristal est également révélatrice. Ne symbolise-t-elle pas l’instabilité des messages de l’invisible ? La difficulté à donner forme à ce qui n’a pas encore de forme, à ce qui n’est pas encore réel (comme l’avenir ?).

Iris a la très lourde tâche d'être une messagère. Aux hommes, elle amène des messages du monde de l’invisible, par le biais de l’arc-en-ciel qui naît à ses pieds. A Hera, sa maîtresse, elle n’apporte que des bonnes nouvelles. Mais pourquoi seulement des bonnes nouvelles ? La craint-elle ? Veut-elle lui faire plaisir ? C’est le grand dilemme des voyantes : toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Dans l'oracle de Brian Froud, the Faerie's oracle, on trouve une carte, Iris of the Rainbows. Iris y est décrite comme une messagère d’espoir. Elle montre que même dans l’obscurité, il est possible de trouver la lumière. Tout moment difficile n’est, finalement, que passager. Voilà pourquoi Iris ne transmet que les bonnes nouvelles. Elle doit ne donner que l’espoir, c’est en tout cas, ce qu’Hera attend d’elle. Car oui, Iris est la servante d’Hera. Elle est son…aubergiste en somme, gardant sa chambre prête et la lavant de parfums quand elle revient des enfers. Elle la purifie. Ce n'est donc pas un hasard si l'Iris a choisi de se montrer à moi dans ce rôle. Cela avait un sens.  

De ce voyage, je ramène par ailleurs une phrase assez troublante. Le personnage a écrit dans le livre : « je ne risque rien, je ne vaux rien »… Etrange ! En même temps, tous les voyants le savent. Quand on interprète un message de l’au-delà, un tirage de cartes, un signe des dieux, on prend inévitablement un risque. Celui de se tromper. Pour « valoir » quelque chose en tant que messager, il faut « risquer » de se tromper. En même temps, « je ne risque rien, je ne vaux rien » peut vouloir dire « celui a le pouvoir et les honneurs, c’est celui qui prend des risques… » Si je ne prends pas de risques, je ne vaux donc pas grand chose.

 Comme je l'ai dit plus haut, Iris est une messagère. Elle unit l’invisible au visible mais cela n'est pas tout. On dit parfois qu'elle coupe le fil fatal des femmes mourantes et permet leur passage dans l’autre monde mais c'est une assertion que j'ai peu retrouvé sur le web. J'ai aussi lu qu'elle unit l’homme et la femme, la terre au ciel par le biais de l'arc-en-ciel. C’est sans doute également pour cela qu’on utilise aussi l’iris dans des charmes d’amour. Un amour bâti sur la communication, avec ce que cela entraîne d’erreurs, de compromis, de mensonges mais aussi de recherche de la vérité. Rappellez-vous : la flamme de la bougie, décrite plus haut, est constituée de deux brins enlacés… Comme un caducée qui est, justement, un des symboles de la déesse Iris. Un caducée que l’on retrouve d’ailleurs en tant que sceptre sur la carte « iris of the rainbows ». Le jour où j'ai effectué ce voyage, pourtant, je n'en savais fichtre rien. Et pour cause, l'oracle de Brian Froud, je m'en souviens, ne me fut offert qu'en août de la même année. Quelle surprise cela fut pour moi de découvrir Iris et son caducée, tel que je l'avais perçu deux mois plus tôt.

L'Iris est à l'aube de sa floraison. J'en caresse un pétale et en savoure toute la complexité. Tant de beautés, de vérités et d'enseignements il m'a transmis. L’Iris est une messagère. Elle accepte de servir l’amour, d’être le lien entre les mondes, d’être le lien entre les êtres. Elle en prend le risque, oui, le tout en restant humble. L'Iris est à côté de qui cherche la meilleure façon de dire ou de voir clair. L'iris aide à débroussailler ce qui est confus. A mieux voir. A mieux dire. Avec toutes les difficultés que cela comporte et qui font partie de son chemin. Car il y a bien un chemin, oui. Et son chemin est celui de l’espoir.

A présent, quand j'entre dans un lieu habité par le doute, j'appelle l'aubergiste messagère. Lorsque j'hésite à dire la vérité, je demande son inspiration. "Iris, servante et messagère. Permets à mes mots d'être clairs."

 

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Le sentier des faunes
Publicité