Chemins d'exil - l'Osmanthus
Au cours d'une nuit d'avril, en 2013, cet arbuste m'est apparu en rêve et m'a affirmé être le gardien des chemins interdits, des sentiers où les hommes ne sont pas attendus. De fait, chez nous, il pousse à côté du bassin, dans un coin qui n'est accessible que si nous foulons au pied d'autres plantes qui l'entourent.
Originaire de Chine, nombreuses sont les légendes qui lui sont associées. Celle de la princesse Chang'e par exemple, confinée dans un palais de cristal figé au milieu des pétales, tout blancs de lune, de la fleur d'Osmanthus. Elle doit cet exil à sa tentative de voler une pilule d'immortalité. Ou encore l'histoire de Wugang, condamné par l'empereur de jade à couper sempiternellement un osmanthus capable, lui, de se régénérer éternellement.
Plante d'exil ? D'immortalité ? Le murmure de mon rêve semble rejoindre la légende. L'Osmanthus veille sur les chemins interdits aux humains. L'immortalité en fait partie. C'est un fantasme qui accompagne les sociétés humaines de toute éternité. Mais à quoi bon chercher à devenir immortel ? Qu'en retirerions-nous ?
Cette plante est en outre merveilleusement parfumée de fragrances rappelant le citron et l'abricot. Son odeur est sensée favoriser la romance. Ne dit-on pas que les amoureux sont seuls au monde ? Que pour être heureux, il faut vivre caché ? Je ne pense toutefois pas que ce soit à ce type d'exil-là que l'Osmanthus, lui, se réfère. Mais peut-êre sur des amours que les humains, eux, interdisent. De par leurs lois, leurs moeurs, leurs conventions, leurs traditions.
L'Osmanthus nous accompagne donc à chaque fois que nous suivons les chemins de traverse, les sentes peu fréquentées. Il nous invite à méditer sur les raisons qui nous ont poussés à les suivre, et sur les conséquences que nous risquons de subir pour cela. Il scintille, parfumé, dans l'ombre de nos réflexions, à chaque fois que nous interrogeons le mystère de la mort et de l'immortalité. Et surtout celui de la solitude.