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6 mai 2016

La Marquise du Bois de Rose

Il appartient à la troupe de mes senteurs fétiches. Il vient à la narine en triple vague, puissant mais agréable, y déployant ses pastels verts, oranges et mauves, constellés de jaune pâle. Il m'a fallu du temps pour cheminer dans le concert galant de son clavecin. Je trouvai en lui le sucré enfantin des sabots parfumés de guimauve que je mangeais, enfant. Je dénichai aussi le turban du jasmin, qui couronne les repas des restaurants asiatiques. J'aperçus même de la lavande. Triple image. Envoûtement. L'esprit du Bois de Rose m'évoque le visage d'une marquise poudrée, vêtue d'une robe à balconnet, la poitrine toute encorsettée et la joue pâle. Un flirt galant. Courtois. Un rire de gorge, haut perché. Une barque voguant, tranquille, sur le chemin d'une rivière blanche, aussi soyeuse qu'un chemin de lait. Etrange vision.

L'odeur du Bois de Rose s'égare une fois capté. Revenez-lui, il vous échappe. Son étreinte est intense, il est vrai, mais éphémère. Une deuxième visite des narines ne laisse pas la même impression. Elle est plus froide, plus terne. Perdant déjà de sa saveur.

Le Bois de Rose me parle d'amourettes éphémères, de flirts sans lendemain, où chacun se tourne alentour sans rechercher un engagement. Même pas celui d'une étreinte passionnée. Les lèvres se touchent. Mais les langues ne se cherchent pas. Les caresses sont posées mais leur audace est pauvre. La plante est à la fois d'une adolescence prépubère et d'une bourgeoisie peu commune. Elle parfume. Elle séduit. Ose un décoletté plus profond. Puis elle s'enfuit, peureuse, absente au désir d'embraser les étincelles qu'elle a jetées.

Pourtant, sa main se pose sur votre coeur, qu'elle caresse doucement, de sorte qu'on ne puisse dire qu'elle soit absente aux plaisirs de l'amour. Elle souhaite juste les vivre dans la paix, dans le délice gourmet et délicat d'un doux préliminaire sans que le combat de l'union charnelle se vive dans la sueur.

Elle a horreur des conflits, des relations de pouvoir. Elle diminue le yang des hommes trop masculins et des femmes de puissance. Elles les ouvre à leur voix intérieure, à une musique paisible qui bat tout au fond de leur coeur. Elle leur révèle la joie des arts. La poésie, la musique, la peinture, peu importe le talent. Pourvu qu'il se déploie dans la délicatesse et la beauté. Ecoutez-la, elle joue. C'est un clavecin des siècles anciens où charmes et langueurs avaient un sens. De tous les arts, la musique est, je crois, celui qu'elle préfère.

Respectez l'autre, laissez le libre, usez de politesse, de courtoisie dans vos relations, ce qui n'exclut certainement pas ni légereté, ni joie. Tel est, selon mon propre ressenti, l'enseignement du Bois de Rose.

Je crois cette plante nantie d'un lâcher-prise, d'un calme, qui n'excluent pas la pétillance, mais qui semblent cruellement manquer à certains hommes de pouvoir de ce monde.

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