Le Baluchon - le Ciste ladanifère

Avant de rencontrer le Ciste ladanifère en esprit, je ne connaissais absolument rien de lui. Rien de rien. Pas même l'odeur. Je m'attendais à un parfum semblable à celui d'un conifère. Je me retrouve plongé dans des draps moelleux d'un jaune clair, d'un rose pastel, très vaguement citronné. Rien à voir cependant avec la teneur des images qui se levèrent en moi, ce matin de septembre 2014.

La première image qui me vint est celle d'une femme austère, revêche, sûre d'elle-même, représentant les vieilles valeurs sociales, porteuse de siècles de traditions et de bonne pensée dominante. Elle apparaît plusieurs fois, sous des formes différentes. Parfois, elle est coiffée d'un chignon. Parfois, elle a les cheveux teints. Son monde est poussiéreux, grisâtre, pluvieux et lourd. Mais elle s'y sent bien. Elle sait qu'elle est dans son bon droit car elle défend ce que l'on appelle plus communément « la pensée du plus grand nombre ». Celle qu'il faut suivre et adopter si on veut être quelqu'un de bien. Puis, un enfant apparait. Il est accroupi, boudeur, dans ce qui ressemble à une cave, aux murs bétonnés et glacés. Ensuite me vient encore l'image d'une fourmi. Mais une fourmi à taille humaine, qui avance, bossue, s'aidant lentement d'une canne qui la soutient. Elle est coiffée d'un chapeau claque et porte derrière elle un baluchon énorme rempli de choses secrètes, dissimulées, impossibles à identifier. Quand elle se présente au somment de la colline qu'elle gravit, elle aperçoit une éclaircie, un village accueillant, qui semble l'attendre dans la vallée. Elle en soupire de soulagement. Elle est seule. A-t-elle quitté sa fourmilière ou s'apprête-t-elle à y rentrer ? Enfin, il y a la vue de cette colombe rayonnante, allégorie de l'Esprit Saint, qui encourage à percevoir ce qu'il y a de divin en nous.

Etranges visions que celles-là. L'idée me vient que nous traînons avec nous des casseroles. D'antiques objets dont nous ne nous servons plus guère. Des souvenirs enfouis. Et surtout des montagnes de valeurs qui ne sont pas les nôtres mais qui nous ont été inculquées par nos parents, l'école, la télévision, les livres, le monde qui nous entoure. Sur le chemin que nous parcourons, il se trouve toujours une vieille dame aux cheveux gris pour nous rappeler les « bonnes valeurs », ce qu'il faut croire et ne pas croire. Une vieille totalement extérieure à nous, qui nous fait croire qu'elle sait ce qu'il « faut » faire, ce qui est bon pour nous. Cette vieille est parfois à l'intérieur de nous-mêmes. Elle est celle qui nous dit qu'à notre âge, il serait bon, au moins, d'avoir vécu ceci ou cela. Qu'on n'est pas quelqu'un « comme il faut » si nous n'avons pas fait ce que « le monde » attend de nous. Et nous sommes cette fourmi. Cette fourmi qui avance, péniblement, porteuse d'un baluchon démesurément gros, trop lourd pour elle, rempli de choses, de souvenirs dont il conviendrait de se débarasser. Seulement voilà, elle ne sait même plus que ces choses existent. Elles les traîne avec elle mais ne sait plus à quoi elles servent. Elle est juste cette fourmi, membre d'une colonie, à qui on demande en aucun cas d'être elle-même, mais simplement d'agir pour le bien du plus grand nombre. Puis...il y a cette part sacrée qui est en nous. Muselée la plupart du temps. Celle qui sait, vraiment, ce qui est bon pour nous. Qui n'est pas forcément en accord avec les valeurs véhiculées par la vieille dame. Notre esprit saint.

Avec le Ciste ladanifère, nous retrouvons la mémoire de ces objets disparus. Toutes ces valeurs que nous avons adoptées et qui nous ont été imposées par d'autres. Nous reparcourons le chemin de notre histoire humaine. Ce que nous avons fait sans en être convaincus. Les sentiers que nous avons suivis parce que l'on nous disait que c'était la bonne direction. Des routes qui nous ont conduit ailleurs. En-dehors de nous-mêmes, trop souvent. Le Ciste ladanifère nous prend, comment dirais-je, par les couilles. Il nous ramène à qui nous sommes vraiment. Il nous invite à contacter cette partie sacrée qui palpite en nous. Il l'illumine. Il la libère. Il nous invite à prendre un chemin parce que nous l'avons décidé, pas parce que d'autres nous ont affirmé qu'il s'agissait de la bonne direction. Nous le suivons parce que nous savons qu'il est bon pour nous. Le Ciste ladanifère vit sur notre troisième oeil car il rejoint ce corps divin, cet être essentiel qui existe en nous, et que nous oublions d'écouter. Il nous invite à cesser d'être l'enfant boudeur, désabusé et puni dans sa cave. Il ne nous enjoint pas non plus à être l'enfant obéissant. Il nous demande de retrouver, dans ce monceau de valeurs que nous suivons, de souvenirs qui sont les nôtres, les valeurs qui sont vraiment celles que nous voulons suivre et les décisions que nous avons prises par nous-mêmes, pour nous-mêmes, parce que nous savions qu'elles étaient en accord avec ce que nous sommes vraiment. De cette manière, nous nous sentirons plus légers, plus en accord avec nous-mêmes.

Etrange que la vieille dame apparaisse dans cette méditation. On sait en effet que cette huile essentielle est utilisée pour combattre les rides. Donc, pour nous débarasser d'elle. En passant le flacon d'huile essentielle autour du troisième chakra, j'ai perçu une présence masculine. Un homme bedonnant, débonnaire. Semblable à moi. Il me rappelle que j'ai choisi de suivre un régime début 2014. Je perdis 15 kilos. Arrivé à 100, mon corps a décidé de ne pas descendre plus bas. C'est ainsi. Et si mon vrai moi était bedonnant, débonnaire, n'en déplaise aux médecins et aux adeptes de la minceur ?

Fouiller le placard

Il n'est pas évident de remuer le baluchon de nos souvenirs. Des années de psychanalyse n'y suffisent pas toujours. Certains suivent les traces de leur père. D'autres choisissent de suivre un chemin radicalement opposé. Ce qui ne signifie d'ailleurs pas que c'était le « bon » chemin pour eux. L'huile essentielle de Ciste ladanifère est sensée agir essentiellement au niveau du 3ème oeil du 2ème chakra. J'invite à masser d'une seule goutte le 3ème oeil pendant plusieurs semaines (une lunaison, par exemple) et de laisser s'exprimer la valse des souvenirs. Sortons-les de leur baluchon et découvrons ce qu'ils ont à nous apprendre sur nous-mêmes, sur les choix que nous avons opérés et l'importance du « bien pensé par le plus grand nombre » dans notre existence. Inutile de se juger. Il s'agit juste de comprendre. Aucune existence n'est ratée. Chacune se vit et se traverse. Il n'est jamais trop tard pour entendre son « vrai moi » et l'écouter enfin.