Le sage vert - le Noisetier

Dans le mot "Coudrier" se niche déjà l'idée de coudre. On imagine la dryade qui l'habite, munie d'un fil doré, cousant des vêtures enchantées. Dès le mois de janvier, l'arbuste est couvert de chatons au maillage très serré. Quand février allonge la lumière de ses jours, le Coudrier, lui, relâche des nuages de pollen doré. Il déverse sa très fine poudre d'or comme le ferait une fée du bout de sa baguette magique. Le Coudrier est le Noisetier sauvage. C'est un sorcier, un sage et il sait que son bois est riche de vertus merveilleuses. Mais à quoi sert cette fameuse baguette magique ? A de multiples usages ! Certains s'en servent pour trouver des points d'eau. D'autres pour dénicher et suivre des lignes de force terrestre. Ils définissent ainsi un tout tricot de fils telluriques entrelacés de ci de là dont ils cherchent les noeuds, les trous, les directions.

Le Coudrier rapproche. Il noue et il relie. Jadis, on l'appelait dans des rites de fertilité. On l'employait aussi comme bâton de parole. Il est en effet reconnu pour prodiguer sagesse et éloquence. La parole : un autre moyen de relier. Le folklore déborde d'histoires d'animaux qui se mettent à parler après avoir avalé une noisette. On parle aussi de sorcières que leur bâton en bois de coudrier conduit à des trésors. On dit également que les fées creusent des carosses dans la carcasse vide des noisettes. Les enfants eux-mêmes ne s'y trompent pas, eux qui les grillent sur des feux de camp improvisés tout en s'imaginant être de grands explorateurs. Ils savent que des promeneurs ayant chapardé une noisette se voient soudain nantis d'une connaissance hors du commun. Le Coudrier aime bien les mots. Il se couvre d'une tunique au beau tissu doré, au feuillage pourpre, à la matière rugueuse. Il tient à la fois du vieux sage et du faune qui connaît les bois. Il sait les lignes et les détours. Il connaît phrases et périphrases. Il détient le pouvoir des mots mais il sait, lui, que jamais, au grand jamais, les mots ne pourront approcher la teneur véritable de l'esprit. Dès qu'elle est formulée, l'idée perd de sa force. Dès qu'elle est mise en forme, mise en mots, on la trahit et on la trompe. Ne dit-on pas que le silence est d'or ?

Dans son livre « the temple of shamanic witchcraft », Christopher Penczack affirme que le Noisetier correspond à l’ogham coll, qui dans notre alphabet désignerait la lettre C. Cet arbre couvre la période du 5 août au 1^er septembre. Il est également lié à la direction de l’est. Je suis donc né sous son signe. L'auteur le lie à Mercure. D'autres le lient à Thor. Sagesse, créativité, communication, divination, inspiration, méditation sont en tout cas ses attributs. Dans « plant spirit wisdom », Ross Heaven nous confirme cette idée de sagesse qui imprime l'âme du Noisetier. La Bible de la magie naturelle ajoute, elle, d'autres significations à cet ogham : la fertilité, la longévité, l’intuition, le soin.

Le Noisetier favorise la méditation et nous met en relation avec la source primordiale d’où vient toute chose. Il révèle à chacun les talents, les idées qu’il a le pouvoir d’exprimer. Il sert donc de catalyseur.Méditez près d'un Noisetier et vous saurez !

Une de mes pratiques communes consiste à visualiser des images constructives, chargées de signification. Je les envoie alors à la plante à laquelle je souhaite m'unir pendant quelques minutes. A l’esprit du Noisetier, j'offre par exemple une boule lumineuse chargée de ces images :

• Un peintre qui trouve l’inspiration

• Une toile d’internet

• Un orateur

• Un écrivain

• Une source qui jaillit

• Un méditant

• Un saumon

• Une baguette de noisetier

• Une voyante

Je réalisai cet exercice pour la première fois avec cet arbuste en août 2009. Avant la méditation, dans le jardin, mon noisetier m’invita à me rendre près de lui, pieds nus, et à l’observer. Ses feuilles rondes et dentées, son écorce « boutonneuse » caractéristique, ses fruits déjà pourpres. Le noisetier me fit alors comprendre sa double face. Il est l’alpha et l’omega. La création des débuts et la sagesse de la fin. C'est la raison pour laquelle il est à la fois lié à la fertilité et à la sagesse. Pour aider l’être à s’accomplir et à commencer son œuvre, il faut d'abord le sage, le maître qui le guide. Chaque maître a été un jour débutant. Au cours de la méditation, le Noisetier insista pour que je place dans ma boule lumineuse une image de son choix. En l'occurence, celle d’un enfant hésitant qu’une mère encourage par ces mots : « aie confiance ». Cela me surprit mais il justifia aussitôt sa demande :

 "Aie confiance en tes capacités, telle est la clé !"

 Ce jour-là, le noisetier m’enseigna aussi autre chose. Ce n’est pas un hasard si sa baguette désigne des trésors. Il révèle à chacun ses richesses personnelles qui n’attendent qu’à se développer. La seule condition nécessaire est la suivante : il faut avoir confiance en ses propres talents.

La facilité avec laquelle j'ai retrouvé mes notes sur cet arbuste aujourd'hui m'a légèrement surpris. Puis je retombai sur cette phrase consignée dans mon propre grimoire ce jour d'août en 2009 : "un jour, tu partageras tes connaissances. Il le faut !" Cette phrase, c'était le Noisetier qui me l'avait murmurée en esprit. Il me fallut encore 4 ans avant d'oser franchir le pas. Jamais je n'ai croisé d'arbre ou de plante plus bavarde que lui. La plupart du temps, les végétaux s'expriment en esprit par le biais des images. Très peu au moyen de paroles. Ce ne fut pas le cas du Noisetier. Pendant toute la méditation, j’ai senti la boule de lumière blanche dans ma tête plutôt qu’entre mes mains. Il me parlait tandis que je lui envoyais des visions pour le soutenir dans son action spirituelle. 

Les premières gouttes de pluie sont tombées juste après cette méditation. J’ai ressenti une profonde gratitude pour le Noisetier et pour cet enseignement judicieux. Merci. Vous qui lisez ces mots, je vous encourage à chercher cette connexion de l'esprit avec le peuple des plantes. La grande tribu végétale ne demande qu'à partager sa sagesse. A nous de saisir la perche et d'entretenir cette interaction. Ils apprécient notre aide. Qu'elle soit jardinage, soins énergétiques ou visualisations. Si les plantes communiquent avec nous essentiellement par images, les propres images que nous leur envoyons les nourrissent également. Ce n'est pas un hasard. Rappelons nous que la lumière est après tout la nourriture principale des végétaux !