Le sentier du faune
Il y a longtemps que j'ai envie de confier quelques phrases sur le cheminement spirituel que j'ai suivi jusqu'ici. Par quel mot pourrais-je définir ma spiritualité ? Païenne ? New Age ? Autre chose ?
Je suis né il y a bientôt 44 ans, d'une mère athée et d'un père protestant qui me firent baptiser à l'église catholique pour faire plaisir à ma grand-mère maternelle. C'est ainsi. Tout mon parcours scolaire se déroula au sein de l'enseignement catholique. A la maison, mon père, quant à lui, me procurait la vision protestante des choses. Très tôt, j'ai donc appréhendé l'idée que la vérité absolue n'existait pas. Chacun a la sienne et croit parfois qu'elle est absolue, au point de vouloir l'imposer aux autres. Ca ne la rend pas plus vraie.
A 16 ans, je portais la croix huguenote arborée par de nombreux protestants. Cette croix honnie par les ecclesiastiques de mon école. Mon père me fit visiter la Tour de Constance, à Aiguemortes, où, disait-il, une de nos ancêtres avait été emprisonnée. Il me parlait de l'histoire du protestantisme, des guerres de religion, de la manière dont elles se vivent encore. Il portait, quant-à-lui, la croix cathare. Cette croix symbole pour lui d'un sentiment, très personnel, qu'il avait de tenir, quelque part, du catharisme. Je n'ai jamais réellement su pourquoi. Ce que je sais par contre, c'est que le catharisme l'intéressait beaucoup.
Je me trouvais, moi, à un carrefour entre plusieurs religions. Ma famille paternelle, protestante. Ma famille maternelle, plutôt athée. Et l'école, catholique.
Je n'avais que 16 ans mais j'avais déjà cette certitude : la spiritualité de quelqu'un lui est propre. La rencontre avec le divin est une démarche personnelle. Un précepte qui, en, soi est assez protestant finalement. Cependant, le Christiannisme lui-même me semblait pauvre. D'abord, je ne pouvais admettre l'idée que seul le Christ soit la voie. Un dieu jaloux qualifiant d'idôlatrie toutes les autres croyances me paraissait éminemment suspect. Et puis, on a beau dire, un dieu qui voue les homosexuels aux flammes de l'enfer a peu d'atouts pour me séduire, je regrette. Cette Bible jonchée de commandements divers me paraissait être un pavé davantage écrit par les hommes pour en dominer d'autres que la parole de Dieu elle-même. Je ne pouvais pas y adhérer. La seule chose à laquelle je pouvais croire tenait en une seule phrase : "Dieu est amour." L'important est d'aimer, le reste n'est que littérature.
A 20 ans, je me suis mis à lire autre chose que des romans et des bandes dessinées. Un ami me fit découvrir les livres d'Anne et Daniel Meurois Givaudan. "Terre d'Emeraude" et "les récits d'un voyageur de l'astral" (racontant l'enseignement reçu par le couple lors de ses voyages dans l'autre monde), "De mémoire d'Essénien" (un éclairage sur la vie de Jésus à travers les Annales Akashiques), "Les robes de lumière" (sur les auras), "Le voyage à Shamballa" (que je n'ai jamais compris, je me souviens juste de peuples vivant sur d'autres planètes). Je découvris du même coup la notion de corps subtils, d'auras, de monde astral et je m'ouvris aux religions orientales. Puis, les auteurs se consacrèrent davantage aux personnages bibliques dans leurs autres ouvrages et je cessai de les lire. Jésus, Marie et les autres demeurent assez peu sexys pour moi, à quelques rares exceptions. A la même époque, je découvris d'autres auteurs. Je me souviens de "Dialogues avec la Nature" de Michael J. Roads. Je ne me doutais pas à l'époque de l'influence que ce livre aurait sur moi. Mais ces dialogues de l'auteur avec les esprits de la naure m'ont profondément marqué. C'était en 1991. La même année, mes parents se séparèrent et j'appris à lire le tarot.
Je pratiquai alors le yoga puis, plus tard, le bouddhisme zen. Je trouvai néanmoins le bouddhisme assez peu glamour. Cette volonté de tuer le désir ! Pourquoi faire ? J'avais cru trouver dans le Bouddhisme cet intérêt pour la nature que le Christiannisme, lui, ne m'avait pas montré. Mais je m'étais trompé de voie. Ni Bouddha, ni Jésus ne me parlaient. Je me détournai également de ces philosophies New Age par lesquelles l'homme se proccupe bien plus de son développement personnel et de la santé de ses chakras que de la nature elle-même. La nature. C'est vers elle que je voulais me tourner. L'astral et sa hiérarchie, les annales akashiques, je n'en avais pas grand-chose à faire, au fond. Je m'apercevais d'une chose. La plupart des spiritualités nous demandent de regarder vers le haut, vers le ciel, le désincarné. Elles nous apprennent à nous méfier de la chair, des plaisirs terrestres, de la terre elle-même. Mais nous sommes incarnés. Nous sommes faits de chair. Nous sommes animaux. Et la nature qui nous entoure me paraissait, déjà, fort riche d'enseignements. J'avais 30 ans. J'avais pratiqué des régressions dans mes existences antérieures (j'avais 27 ans) et découvert des choses pas forcément glorieuses. Je me tournai alors vers les Amérindiens, ce peuple parmi lequel j'avais déjà vécu, 300 ans plus tôt.
Qu'avait-il encore à m'apprendre ?
Je lus beaucoup de livres sur leur spiritualité, leurs diverses cosmologies. J'appris le Lakota. Un jour, dans un train m'emmenant à Bruxelles, je rêvai d'une femme-cerf. Le même jour, dans une librairie, je saisis un livre au hasard qui, à la base, ne parlait pas spécialement des Sioux. Dedans, je découvris pourtant qui elle était. Et surtout, qu'elle était protectrice, notamment, des homosexuels. C'est à ce moment-là que se fit un changement dans ma vie. Je commençai à m'intéresser aux hommes et aux femmes dits "aux deux esprits". Les "Two Spirit people". Chose ardue. La littérature est assez peu fournie à leur sujet. Mais ils existent. Ils ont toujours existé. On les retrouve dans toutes les sociétés qui pratiquent le chamanisme. Ils sont passeurs des morts, donnent aux enfants leur nom sacré, tissent, dessinent, font des poteries, sont conteurs, prédisent l'avenir (car ils s'en souviennent) et surtout marchent entre le monde des hommes et celui des femmes. Comme moi. Exactement comme moi. J'ai peu de goût pour le travestissement mais je me sens, quelque part, deux esprits. Le masculin et le féminin vivent en moi. C'est ainsi que je compris, enfin, ce qui me manquait dans les monothéïsmes : le féminin sacré.
Ce que je découvris plus tard en étudiant la wicca n'allait pas me combler, loin de là. Les rituels m'intéressent peu. Les cercles magiques ne sont pas pour moi. Les cycles de la lune, je les regarde d'un air lontain. Ce couple Déesse Mère-Dieu Cornu me parait incomplet. Le divin est, pour moi, lui aussi deux esprits. Il est Père Mère, God-dess, la Mère du Ciel, le Dieu Déesse, la Tout, l'AndroGyne, Dieu elle-même. DIVIN-E (que je prononce divin en le suivant d'un "e"). Un concept pas très répandu dans la Wicca, je le crains. Cela ne m'a pas empêché de lire Christopher Penczak, Starhawk, Cuningham et plein d'autres. Puis, un jour, je décidai d'arrêter de lire et de m'immerger dans la nature. A quoi bon lire, si on peut aussi bien apprendre en écoutant ce qui nous entoure.
J'ai construit ma hutte. Et je poursuivis l'aventure. Observer la nature. Me connecter à elle. Passer une heure, assis sous un arbre, à écouter ce qui se passe autour de moi, sans juger, sans chercher à comprendre.
Sentir le vent. Ecouter l'oiseau. L'insecte. La musaraigne. L'arbre. La plante. La fleur. Reconnaître le divin qu'il y a en eux. Me connecter à lui-elle.
Je le fais.
Je communique avec l'arbre et la plante. Je m'ouvre à eux. Je me connecte à eux. J'abolis la distance qui me sépare de nos frères-soeurs végétaux. Je les accueille dans mon coeur. Je reçois avec humilité et joie les images qu'ils versent en moi, les enseignements qu'ils me donnent. Je les reconnais comme imprégnés de ce DIVIN-E à la manière dont je le suis, moi. Ils-elles sont les guides que j'ai choisi d'écouter. Là, depuis 7 ans déjà. Je me fiche de savoir à quel niveau astral ces entités appartiennent. Incarnés, nous nous parlons, c'est tout. J'ai fait mienne cette croyance très païenne que tous les êtres sont connectés et peuvent communiquer entre eux.
Le premier vénérable de la grande tribu verte à s'être manifesté à moi fut l'Eucalyptus. C'était en juin 2007. Depuis lors, ce contact, ce flux, cet amour, cette connexion n'ont jamais cessé de se manifester. Ils constituent l'essentiel de ma vie spirituelle aujourd'hui. Pendant quelques années, je me sentis toutefois bien seul à vivre cette expérience. Mais je découvris que d'autres la vivaient. Je me remis à lire. "Wisdom of the Plant Devas", de Thea Summer. "Plants and Fungus totems", de Lupa, "the secret teachings of plants", de Stephen Buhner, "Voices of the earth", de Clea Daanan, "Plant spirit Journey", de Laura Silvana.
Au-dela des arbres et des plantes, j'entretiens également un lien privilégié avec le petit peuple. Fées, lutins, faunes et elfes, je les ai tous célébrés à travers mes dessins. Je leur reconnais une importance que les autres religions leur refusent. Je les aime. Je leur parle. Je ressens leur présence, à défaut de les voir. Je leur reconnais même le don de m'avoir sauvé à un moment de ma vie. En 2003.
Voilà ma conception. Ma spiritualité. Que suis-je ? Païen ? Chamane ? Animiste ? Biognostique ?
Peu importent les mots. A ce moment de mon existence et ce, depuis 7 ans, je marche avec les êtres de verdure et j'écoute ce qu'ils ont à me dire. Souvent ils me parlent d'amour. Mais pas toujours. Certaines plantes se connectent facilement à moi. D'autres pas. Voilà !
Je vous souhaite une bonne et verte semaine.