Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le sentier des faunes
Radio Arcadie
Ecoutez les musiques merveilleuses
de Radio Arcadie. C'est son player
de diffusion que vous entendez en
surfant sur ce blog.
Découvrez ses 2 émissions :
Godmentica, vendredi de 21 h à 23 h
News d'Arcadie, samedi de 10 h à 12 h.

www.radioarcadie.be

radio arcadie

Atelier Terra Nostra
Découvrez les créations paiennes
de l'atelier Terra Nostra
 http://www.revespaiens.canalblog.com

TERRA NOSTRA

Conair an Bhaird
Un blog qui ne manque pas
d'humour, de peps et d'esprit.
http://bardpath.canalblog.com/

La Messe des Pâquerettes
Un des blogs que je préfère.
Intimiste et agréable à lire.
Haut les coeurs et les balais
www.messedespaquerettes.com

messe pâquerettes

11 novembre 2015

Je suis morte et vous m'avez oubliée.

maman2010

Et si tu avais été assassinée, Maman ? Je l'ai rêvé la nuit dernière. Quand tu as disparu, au moins cinq médiums m'ont dit que tu avais fait une mauvaise rencontre, qui avait mal tourné. Un d'entre eux avait été très précis. Il avait parlé de plusieurs hommes qui t'avaient embarquée et s'étaient mépris sur le contenu de ton sac. Et qu'ensuite, pris de panique et sous l'emprise de la drogue, ils t'avaient jetée dans la Sambre. Cette Sambre où, deux semaines plus tard, on a retrouvé ton corps couvert de coups. Des coups dont les légistes ne pouvaient définir l'origine étant donné que tu avais séjourné longtemps dans l'eau. Comme on ne pouvait prouver que tu avais été agressée, on a considéré que tu ne l'avais pas été. Voilà ! Une seule personne m'a dit que tu t'étais suicidée sur la base d'un contact qu'elle aurait eu avec toi de l'autre monde. J'ai choisi de la croire. Mais je doute. Je ne sais pas.

Chaque matin, ma première pensée est pour toi. Chaque matin, je me demande : "pourquoi ?" Chaque matin, je me demande : "qu'est-il arrivé réellement ce soir-là ?" Et chaque matin, je pense : "tu ne le sauras jamais. Tu dois vivre avec. Tu n'as pas le choix. Et si ta mère t'apparaissait là, comme ça, te disant : "on m'a jetée dans la Sambre, mon fils, on m'a assassinée", tu ne pourrais quand même rien faire vu qu'on n'a pas su prouver que cela avait été le cas. Alors, je me lève et j'essaie d'oublier. De ne plus y penser. J'ai l'impression d'être un soldat qui revient de la guerre.

Chaque jour, je regarde les autres et je me dis : "aucun d'entre eux n'est capable de comprendre ce que je ressens."

Les mains tendues sont rares, tu sais, Maman ? Il y en a, mais si peu. Quand j'étais à ta recherche, j'étais très entouré. Après, la plupart se sont détournés de moi. On me demande rarement comment je vais. Je suppose que les gens s'en foutent. Oh, je ne leur en veux pas. Ils ont leur vie. Et Bernard et moi y avons peu de place. Si Bernard n'avait pas été là, Dieu sait où je serais aujourd'hui.

Je suis allée voir ta tombe, Maman. A part Marraine et moi, personne ne t'a fleurie. Ils t'ont tous oubliée. Et cela me fait mal. Très mal.

Qu'on oublie les horreurs que j'ai vécues et qu'on fasse comme si j'allais bien, passe encore. D'ailleurs, je fais très bien semblant. Il ne faudrait pas que les rares personnes qui m'entourent se détournent de moi. Mais que les gens t'aient oubliée, toi. Franchement, ça fait mal.

Oh, je n'ai pas manqué de courage. J'ai continué à dessiner, comme avant. Je n'ai pas arrêté de bosser. Je ne sais même pas te dire comment j'ai fait pour avoir le courage de continuer à travailler alors que n'importe qui à ma place se serait retrouvé au moins 6 mois en arrêt maladie. J'ai même appris une nouvelle langue : le Norvégien. Maintenant, je suis abonné à deux revues norvégiennes. Tu vois ? Je me suis battu. Comme un lion. Un homme qui continue à vivre alors que sa mère est morte dans des circonstances mystérieuses, ça porte un nom, tu crois ? Je ne le connais pas. Un homme à qui on ne sait quoi dire parce que personne ne trouve les mots pour affronter une souffrance pareille, ça porte un nom, tu crois ?

Et une femme dont personne ne sait comment elle est morte, on appelle cela comment ? Nous sommes seuls, Maman, dans cette souffrance. Il y a Bernard et moi. Et Marraine. Les autres....Ils ont oublié quelle femme aimante tu étais. Ils ont oublié que tu mérites qu'on se souvienne de toi.

Publicité
Commentaires
Publicité
Le sentier des faunes
Publicité