La Paysanne - la Véronique des Champs
Petite, déployant 4 pétales disposés en croix, zébrés de violet, la Véronique est une des pionnières du printemps. Elle est une des premières à fleurir sur le toit de ma hutte, marchant doucement sur les bordures de l'hiver. Elle pousse, avec le Lamier pourpre, le Pissenlit, se frayant au chemin au milieu des caillasses. On la trouve tout au bord des champs et des chemins, gardienne des mystères agricoles.
L'esprit de la Véronique des champs m'est apparu sous deux formes différentes. D'abord, comme une sorcière, au visage vert, tournant dans un chaudron dont de lourdes vapeurs de cuisson émanaient. Régulièrement, de sa main osseuse et noueuse, elle dispersait doucement ses fumées, songeuse, pensive, un peu rêveuse. Il m'est également apparu sous la forme d'un chaman qui jouait du tambour en avançant à la bordure d'un champs.
La Véronique est une gardienne, je le sens.
Elle veille sur les terres accueillant les graines. En chasse les mauvais esprits. Elle appelle les anges protecteurs, les célèbre, joue sa musique pour eux. Patiemment, elle nettoie toutes les vieilles blessures. Disperse tout ce qui ne pourrait pas servir le développement, la croissance et la mâturation des plantes appelées à pousser dans ces champs. La Véronique est nourricière. La mère qui veille à ne donner à ses enfants que ce qui est bon pour eux. Elle trie le bon grain de l'ivraie. Elle ramène l'équilibre spirituel sur les terrains qu'elle protège. Ce que sa forme de croix symbolise. Rappelons-nous que Véronique est celle qui essuya le visage tourmenté de Jésus au cours de son calvaire. La Véronique est guérisseuse, aimante, maternante.
Comme elle est une des premières fleurs à s'épanouir au printemps, c'est elle, aussi, qui nourrit les premières abeilles. Ces mêmes abeilles qui par la suite polliniseront les autres plantes dont elle a préparé la venue.