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19 septembre 2014

Mabon(ne) saison

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Voilà déjà un an que mon chalet est installé dans le jardin. La première des fêtes que j'y ai conduites est donc, évidemment, celle de l'équinoxe d'automne. Je me souviens avoir modelé une des premières maisonnettes d'argile. Avec une pomme et un gland sur le toit. J'y avais ajouté une grappe de raisin blanc et quelques feuilles tombées dans l'herbe. J'ai même fumée une pipe et balancé dans la fumée des souhaits pour l'année à venir. J'eus l'idée saugrenue de prendre en photo ce moment et découvris dans la fumée un personnage me caressant le nez.

L'équinoxe d'automne est une de mes célébrations préférées. Des fées fantasques sortent leurs pinceaux pour panacher les feuilles de rouge, de jaune, d'orange, de mauve et de vert pâle. Elles dansent sur les rameaux et les secouent afin d'en détacher les feuilles qui nourriront la terre pendant l'hiver. On aurait tort, je crois, de voir dans cet équinoxe-là, une quelconque célébration de la mort. Il est, bien au contraire, vibrant de vie.

La vie, je l'ai croisée ce matin dans la foultitude de toiles d'araignées tissées sur les sentiers de mon jardin. Impossible de glisser un pas sans rencontrer une de ces maîtresses à huit pattes. Elles vous ralentissent le pied. Elles vous intiment de rebrousser chemin, ou de vous détourner. A moins que vous ne tentiez de vous baisser afin de vous glisser en dessous de leurs pièges où elles trônent, de plus en plus énormes, grasses de mouches dévorées et de moustiques encoresettés de fils gluants. Il reste des fleurs, aussi. L'eupatoire est toujours présente. J'ai dérangé une abeille monstrueuse en voulant cueillir une fleur de liseron. Les fuchsias demeurent braves et l'armoise reste couronnée de fleurs jaunes. Prenant une nèfle sur le jeune arbre dont c'est la première volée de fruits bruns, je trouve une verdeur encore jeune, pas comestible encore, mais habitée d'un perce-oreille que mon avidité faunesque dérange.

La vie est là, partout.

Bien sûr, les feuilles commencent à joncher la pelouse. Mais les poules pondent et les abeilles bourdonnent encore. Si l'automne entre en scène, l'hiver est encore loin. Je découvre quantité de fruits, rouges, multiformes, évités par les hommes, dont j'ignore totalement le nom. Je m'arrête, ébahi, face à ce fruit orange emprisonné dans le squelette de la fleur qui l'avait porté. Il est d'une splendeur magnifique. Comme une perle colorée dans un écrin tout osseux de nervures. On pourrait en écrire un conte. J'en suis touché.

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Plus loin, les pétales d'anémone restent suspendus à des fils d'araignée. Par tous les dieux, comme il fait chaud. Je dégoulinerai toute ma couenne quand je bosserai tantôt dans la verrière qui me sert de bureau. Je m'engonce dans ma fourrure grisonnante. J'attrape le tam-tam où je me mets à frapper fiévreusement un rythme encore jamais essayé. La même maison que l'an passé abrite ma bougie automnale et diffuse ce mélange parfumé dans ce chalet qui, en un an, a bien changé. J'ai réalisé une cinquantaine de figures en argile. La plupart habitent mon argiothèque mais nombre d'entre elles sont suspendues au mur. J'y ai entré il y a deux mois une branche énorme laissée par le Sumac de Virginie. J'en ai fait mon arbre à voeux. J'y accroche chaque semaine un nouveau souhait, que je formule pour le monde qui m'entoure. Ou pour moi. Cet arbre se décore semaine après semaine de rubans colorés. J'y accroche également mes bouteilles sorcières, des pots ouverts, remplis d'huiles parfumées et des photos ou des dessins de faunes que j'apprécie et qui m'inspirent. Chaque semaine, je déverse également, quelque part sur les branches, des gouttes d'huile essentielle. De sorte que quand on entre dans ce chalet, on soit aussitôt entouré de volutes parfumées qui vous laissent croire que vous entrez dans un autre univers.

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J'accueille l'automne avec une gratitude sans nom. Je me gave de raisin d'une manière quasiment orgiaque. Je croque des pommes à m'en péter la panse. Je guette les châtaignes grossissant encore, prêt à les ramasser quand elles tomberont enfin. Je trépigne d'impatience à l'idée de cuire sur le poêle des potées laissées à mijoter pendant des heures. J'aime l'automne. Ecouter les feuilles claquer sur le sol m'évoque la marche des faunes. La pluie, si d'aventure elle vient, me grise de sa fraîcheur. La lumière change. Elle se fait plus rasante. Elle réchauffe ses couleurs. Elle révèle un entrelacement de toiles d'araignées qui semble recouvrir le monde. Il est à mes yeux le plus beau symbole que oui, tout est interconnecté. Il n'y a que l'homme pour croire qu'il est seul dans ce monde.

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