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21 juin 2014

Le faune qui n'aimait pas la chaleur

Le Solstice d'été est vraisemblablement la fête païenne qui m'attire le moins. Il annonce des journées que j'abhorre et dont je n'attends qu'une seule chose : qu'elles ne soient plus qu'un souvenir. Je n'aime pas l'été ! Ou, pour être plus précis, je déteste la chaleur. Je fuis ces journées assommantes où nous nous retrouvons suants, collants, puants... Je préfère une journée de gel à une journée de canicule. C'est ainsi. Je suis un homme du froid. Je suis plus attiré par la Norvège, l'Islande, le Groenland, l'Alaska ou l'Irlande comme terre de vacances. L'été, je cherche les coins d'ombre, j'aspire à la fraîcheur, je me rue presque nu dans mon jardin sauvage lorsque soudain il pleut : "Oui, oui, ouiiiiiiii, il pleeuuuuuuuuut !". L'idée de célébrer dès lors la toute puissance solaire me semble infiniment suspecte. On ne peut pas oublier ce sabbat-là ? Non ? Bon sang, mais vous aimez vraiment vous cramer la couenne sur une plage, comme des huîtres sur un plateau de fruits de mer ? Pas mon style, non.

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Du coup, je me retrouve à éluder la fête, à regarder le ciel comme si des météores allaient en choir et à songer : "vivement l'automne !".

Cela dit, il est d'autres manières de célébrer cette saison que de fêter la toute puissance solaire.

J'ai toutefois remarqué un certain nombre de points de désaccords suivant les auteurs, les points de vue ou les traditions.

L'un d'eux concerne les fées. Certains affirment que le Petit Peuple se manifeste essentiellement lors de la fête de Beltane, début mai. D'autres calquent leur pensée sur le célèbre "songe d'une nuit d'été" de Shakespeare et vous diront que Litha est une fête féérique. Longtemps, je me suis demandé qui avait raison. Avant de songer que les deux sabbats sont peut-être tous deux des fêtes féériques et qu'ils ne sont d'ailleurs pas les seuls. Ne dit-on pas aussi de Samhain qu'il lève le voile entre les mondes ? Le Petit Peuple coexiste avec nous. Il cocrée avec nous. Il manifeste sa présence de diverses façons dont le débourrage des feuilles et la floraison ne sont quelques-unes des expressions. Que certains moments de l'années soient choisis pour les célébrer, je n'ai rien contre, bien au contraire. Je n'ai toutefois jamais senti que le "voile entre les deux mondes" était plus fin à ces moments-là. J'en apprécie au contraire la finesse et la porosité toute l'année. Le Petit Peuple attire mes pensées, de Yule jusqu'au solstice d'hiver ! Je ne leur dédie aucun sabbat en particulier mais au contraire chaque moment de l'année.

Une réflexion me vient également, en cette période. Nous avons pour habitude d'y situer le début de l'été. Alors que les anglosaxons nomment cette fête Midsummer, ce qui signifie, à moins que je ne m'abuse, "milieu de l'été". Certains considèrent d'ailleurs que l'été débute le 1er mai et que son avènement est marqué par la fête de Beltane. Vrai ? Faux ? Question de point de vue, j'imagine. Personnellement, je n'ai pas encore choisi quel sabbat me semble le plus adéquat pour y placer le début de l'été.

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Autre chose me tarabuste et concerne cette fois le duel entre le Chêne et le Houx. L'homme vert est une figure essentielle pour moi, présente dans mon jardin sur divers murs. Cette figure mêlant humanité et végétation symbolise, dans mon esprit, l'étroite collaboration possible entre l'humain et la grande tribu verte. Il manifeste la puissance végétale qui de tous temps a soigné les malades. Il exprime également la coopération de l'homme quand il arrose, aère la terre ou ajoute du paillage au pied des plants fragiles. L'Homme Vert est même, à mon humble avis, l'expression de cette communication possible entre les plantes et les hommes. Vous le savez, je considère que les plantes figurent parmi nos enseignants, nos maîtres spirituels. Il y en a d'autres, bien sûr, mais ce sont elles que j'ai choisi d'écouter dans cette existence. L'Homme Vert est fréquemment présenté comme une entité double dont les deux éléments sont le Chêne et le Houx. Au solstice d'été, certains affirment que le Chêne passe le sceptre au Houx qui règnera sur cette partie de l'année où le jour décroît. Certains disent également qu'un combat a lieu, en cette période, où le Houx afflige une blessure mortelle au Chêne et lui prend son pouvoir. Lors du Solstice d'Hiver, l'inverse se produit et le Chêne reprend les choses en main, règnant sur ces moments de l'année où les jours s'allongent. J'ai l'intuition pourtant que c'est justement au solstice d'été que le Chêne atteint le sommet de sa force. Et au Solstice d'hiver que le Houx culmine (ne couvre-t-il d'ailleurs pas nos tables de fin d'année ?). Qu'au solstice d'été, le Houx inflige une blessure au Chêne est une chose. Qu'il gagne la bataille en est une autre. D'accord, c'est maintenant que les jours commencent à décroître. Mais n'est-ce pas plutôt au moment de l'équinoxe que la nuit se met à dépasser le jour ? Que symbolise le Houx ? Certains affirment qu'il règne sur la partie de l'année où les jours décroissent et que donc, logiquement, c'est au solstice d'été qu'il gagne la bataille. Oui...mais... J'ai pour idée que le Houx règne plutôt sur les jours sombres, lorsque la sève quitte les arbres à feuilles caduques et les laisse dépourvus de feuilles. Le Houx est pour moi maître de l'hiver. Il règne sur le monde entre le moment précis où les feuillus se dénudent et celui où les premières feuilles reviennent sur les arbres. Quant au Chêne, c'est précisément l'inverse. Il règne sur le monde caduque, des feuilles qui reviennent au printemps et des fleurs qui éclosent. Personnellement, je ressens le transfert du sceptre royal entre les deux rois aux équinoxes, pas aux solstices. Pour moi, le Chêne perd son trône quand il commence à perdre ses feuilles, donc en automne. Il le récupère par contre au printemps, les premières feuilles marquant le retour de son règne. Je n'adhère donc pas à la vision la plus couramment répandue d'un Chêne quittant son trône lors du solstice d'été.

Il est d'autre part assez coutumier de considérer trois types de fêtes des récoltes chez nous qui célébrons les cycles de la nature. Les premières sont plutôt céréalières, en août. Les deuxièmes sont fruitières en septembre. Et l'on termine les réjouissances avec les fêtes d'Halloween. Je suis par contre de ceux qui considèrent que le Solstice d'été est déjà une fête des récoltes. Ne dit-on pas que les plantes médicinales et autres herbes magiques atteignent leur force maximale à cette époque ? Que c'est à ce moment qu'il faut se munir de sa serpe, de son panier, de son fichu et se mettre à courir les champs, les prés, les landes et les bosquets afin de cueillir joyeusement les simples que l'on fera sécher ?

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C'est sous cet angle-là que j'accueille le Solstice d'été. Une époque où la terre, toute gorgée de lumière, diffuse toute sa magie, à travers feuilles, tiges et, il faut bien le dire, déjà à travers quelques fruits. Car c'est l'époque aussi des cerises, des fraises, des framboises et des groseilles à maquereaux. Peu importe donc le temps qu'il fait, je secoue ma fourrure et oins mes cornes de crème solaire pour me livrer, tout entier, à la verdure de mon jardin. Bourrache et sauge, thym et absinthe, armoise et céleri sauvage, millepertuis et mélisse, menthe et immortelle, tous me livrent quelques brins qui filent dans ma besace. J'en lie deux-trois bouquets que j'accroche sur mes murs et je collecte, bien sûr, les quelques fruits qui sont, eux, déjà mûrs.

Et puis, surtout, je célèbre la déesse Airmid.

WP_20140620_02220140620165007Airmid (ou Airmed) appartient auxTuatha Dé Danann. Elle est considérée comme déesse des herboristes et de la connaissance des plantes. Elle est la fille de Dian Cecht et un de ses frères est Miach, dont les aptitudes chirurgicales sont ébouriffantes. Ensemble, ils gardaient la fontaine Slaine, dans laquelle les guerriers mortellement blessés étaient plongés et guéris. Un jour, le roi Nuada perdit son bras. Alors que Dian Cecht n'avait pu que le remplacer par un bras métallique, Miach, lui, parvint à le remplacer par un bras humain, de sorte que Nuada pût conserver son trône sans qu'on lui reprochât d'être amoindri par la perte de son bras. Jaloux des capacités de son fils, Dian Cecht le tua. Airmid pleura abondamment sur la tombe de son frère. 365 plantes se mirent alors à pousser sur elle, lui indiquant leurs propriétés médicinales. Airmid les récolta et en fit un manteau enseignant quelle plante utiliser pour soigner chaque partie du corps, chaque maladie. A nouveau, Dian Cecht entra en colère et dispersa ces plantes durement collectées. De sorte que le manteau lui-même disparut et que seule Airmid en conserva la mémoire.

Je vis le nom d'Airmid la première fois dans le livre de Christopher Penczack : Plant Spirit Familiars. Je ressentis aussitôt un attrait puissant pour cette figure qui m'était inconnue jusque là. Peu de choses sont décrites néanmoins à son sujet. Un jour, on me prêta un bouquin sur la magie irlandaise. Je me souvins que je posai la question : "Dois-je travailler avec Airmid ?" J'espérais juste ouvrir le livre sur une page qui m'indiquerait un oui ou un non d'une manière ou d'une autre. Au lieu de cela, j'ouvris le livre précisément sur deux pages qui parlaient d'elle. Si ça, ce n'est pas un signe, qu'est-ce que c'est, je vous le demande. Je considérai donc forcément la réponse comme un "oui"...

Je fais appel à Airmid à chaque fois que je souhaite approfondir mon lien avec le monde végétal et entrer en contact avec lui.

J'ai réalisé cette statue en son honneur. Elle a les bras chargés de plantes et de fleurs. Son visage est plus souriant qu'on ne s'y attendrait. J'ai souhaité la représenter dans le dépassement du deuil de son frère. J'ai voulu la montrer dans la joie de sa vie dans le monde des plantes. Elle est pour moi la déesse verte. Elle est le lien entre le monde des humains et celui des plantes. La détentrice des secrets de la grande tribu de verdure. Plus qu'une déesse guérisseuse, elle est, pour moi, une déesse assez humble pour recevoir des plantes elles-mêmes les enseignements dont elle a besoin.

En cette fête du Solstice d'été, c'est elle que je célèbre. Elle exprime l'essentiel de ma spiritualité.

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Commentaires
S
:-) :-)
F
Merci Sashah ;) Les glaçons ne sont pas encore nécessaires ces jours-ci, heureusement. Cela me rappelle que l'année dernière, j'avais horrifié mes collègues en passant une bonne heure les pieds dans un seau rempli de glaçons pendant que nous suions sous 35 °c dans le bureau...
S
:-) Je connais des amis qui vont bien rire :-) belle journée Fred:-) Tu veux qq glaçons ?:-)
S
De la part d'une nixe venue du Nord, maudissant l'intempestive chaleur de l'été, elle aussi ;) :<br /> <br /> <br /> <br /> Très bel article dans lequel je me suis retrouvée en bien des points ! Jolie découverte que ce blog, je m'en vais le parcourir...<br /> <br /> <br /> <br /> Au plaisir d'en lire davantage,<br /> <br /> <br /> <br /> Svava
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