Huile de l'Ascenseur

Souvenez-vous, la Bible parle de Rois Mages qui ramènent à un nouveau-né de l'encens, de la myrrhe et de l'or. L'or ne provenant pas d'une plante, j'ai tendance à le regarder avec le nez froncé. Comme quand mon chat constate qu'il n'a pas tout à fait enseveli ses crottes dans son bac de litière. Mais cela nous éloigne du sujet. Encens et Myrrhe donc... Deux des trois ingrédients de l'Huile de l'Ascenseur. Le troisième est le Cèdre. Quand je souhaite "élever" le niveau de ma méditation, lever mon nez vers les hautes sphères, booster mon niveau vibratoire, tutoyer les archanges, bref, m'installer sur un nuage immaculé et floconneux, je verse quelques gouttes de cette huile sur la maisonnette que voici. Tout en hauteur et suspendue, elle a comme une allure d'église elfique. D'ailleurs, elle sent l'église. Il suffit de poser son nez sur elle pour s'en convaincre. J'aurais pu dénommer ce mélange "Huile de l'Ascension", ou bien encore "Huile de l'Elevation". Mais ces deux appellations m'ont paru affreusement prétentieuses. Va donc pour "Huile de l'Ascenseur".

 Pour 70 gouttes de mélange, utiliser comme support 46 gouttes d'huile d'amande douce (moins typée que la rose musquée). A cela, ajouter 8 gouttes d'Encens HE, 8 gouttes de Myrrhe HE et 8 gouttes de Cèdre HE.

Pourquoi ces 3 plantes-là ?

L'Encens ne pousse pas dans les encensoirs comme je le croyais, enfant. On ne trouve pas de mine d'encens non plus (un autre mythe qui s'écroule). L'encens est une résine que l'on collecte en incisant l'écorce d'un arbre du genre Boswellia. Notamment le Boswellia sacra. Quand on se nomme "sacra", on doit avoir quelque chose de sacré. Et c'est vrai, de tous temps, on l'a utilisé pour se lier aux dieux et embaumer les temples. Il purifie également l'endroit que l'on encense et rend l'esprit humain plus réceptif.

La Myrrhe est également une résine. On l'obtient, elle, de l'arbre à myrrhe. Avec elle, on franchit le couloir qui mène de l'état de conscience ordinaire à celui de méditation. En clair, avec la myrrhe, vous cessez de penser à vos courses de l'après-midi et vous plongez avec bonheur dans les volutes célestes.

Le Cèdre, lui, est un arbre merveilleux. Une de ses branches, énorme, sert de banc aux promeneurs dans le domaine où je travaille. Le Cèdre ne pourrit pas. Il symbolise pour moi l'éternité. L'immortalité. Avec lui, je me connecte à ce qu'il y a d'immortel en moi. Le Cèdre m'aide également à retrouver ma part d'éternité.

Le lutin qui habite cette maisonnette toute en hauteur porte une tunique blanche. Il est aussi vieux que le temps, une notion qu'il appréhende peu. De l'intérieur de son temple minuscule, il contemple un ciel infini, comme si aucun plafond ne pouvait l'en distraire. Il a les yeux très clairs, très doux, très lumineux, il détricote les nuages bas qui encombrent l'esprit. Il accueille la lumière que les étoiles déversent. Surtout, quand d'aventure il sort de sa haute maison-temple, c'est pour venir déposer sur mon coeur le pinceau de lumière qui jaillit de son doigt. "C'est là, dit-il, que se trouve ta part immortelle".

Il a peut-être raison.